Lien sponsorisé : Guide des emplois à bord des navires de croisière

Lien sponsorisé : Guide des emplois à bord des navires de croisière
les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

mercredi 20 novembre 2019

1 - Écrire pour l'Histoire

 

        Il y a longtemps que l’envie d’écrire me chatouille, ce désir irrésistible de traduire en mots ce qu’on ressent, ce qu’on vit, ce qui nous porte à croire, en somme, que l’on est différent parce qu’il nous est arrivé de vivre des situations que les autres n’ont pas connu ou trouveraient inhabituelles à connaître. Envie d’écrire oui, mais écrire quoi au juste et pourquoi ? C’est étrange, à chaque fois que je m’y applique, crayon en main et fortement motivé par ce que je ne saurais parfaitement décrire, les idées qui pourtant se bousculent à l’instant dans ma tête à en déborder, s’échappent d’un coup et me laissent affronter mon destin face à ce que je m’illusionne de traduire.

        C’est vrai que j’ai toujours été fasciné par ces romanciers qui ont le don de nous mettre dans le décor aussi réel qu’imaginaire de leur écrit, tant ils excellent dans la description des faits et des panoramas de leurs histoires qu’on s’y croit dedans. A mon sens, la créativité chez ces auteurs ne réside pas dans leur capacité à inventer des histoires autant qu’elle se manifeste dans leur description à la fois raffinée et perceptible par le simple lecteur.

        Or, Mes idées à moi ne sont guère à créer ni à imaginer, mais nées bel et bien sous le joug de mon vécu, de ma condition de vie et de mon milieu, bref de ma vie de chômeur –chômeur malgré lui- et pourtant je suis contraint à leur donner la forme et la couleur telles que je les perçois, telles que je les visualise tant elles me collent à la peau jusqu’à influencer ma vision des choses et particulièrement mon jugement sur divers autres phénomènes de notre société. De là, à les transmettre, et encore fidèlement au lecteur, c’est une autre histoire.

        Mes idées à moi ont un goût aussi. Celui de l’amertume. Tel un vin savoureux qu’on déguste en plein bonheur ou un apéritif aussi doux à ingurgiter qu’on s’y donne volontiers juste pour se griser un peu la tête, sauf qu’on se découvre aussitôt après, éméché pour finir étourdi et carrément désorienté. Tellement le vin était truqué !

        Écrire pour parler de mon gouffre ou j’étais englouti des années durant ?

        Ou plutôt de mon adaptation lente mais progressive et donc sure, à un rythme de vie ou je semblais me complaire ? Une famille solidaire et compréhensive à bien plus des égards et une petite ville apparemment calme mais morte et loin des zones économiquement utiles. Deux conditions significatives et dans lesquelles cette complaisance trouverait bien le prétexte pour perdurer et s’épanouir. Car si d’un coté, on assimile tant bien que mal, des dépenses quotidiennes - argent de poche en quelque sorte - nécessaires pour la ration journalière de la nicotine, de la caféine et d’un journal ou l’on souhaite trouver un jour une annonce sérieuse d’un emploi ou d’un concours ; de l’autre on est contraint à rester sur place et guetter de loin les informations d’éventuels recrutements issus des grandes villes, tellement les déplacements sont coûteux.

      Ou écrire pour parler de la pente rude que j’ai réussi, téméraire que je suis, à entamer enfin de compte, et que je me voix, encore aujourd’hui, entrain d’arpenter tellement elle s’aplanit devant ma détermination? Car après biens des tergiversations frôlant le dérapage de l’esprit parfois, je me posais d’interminables questions après chaque occasion ratée pour avoir une vie professionnelle et donc sociale. Histoire de comprendre le pourquoi de ces échecs, concevables aux débuts mais qui devenaient systématiques à la longue. 

Des questions dont la réponse ne peut être atteinte qu’au delà du surpassement de soi même. 
Le «soi», cet être imprégné d’une culture bien propre à lui, eu égard à son éducation et son évolution mais qui est sensé aussi porter les traces du patrimoine culturel de sa tribu dont il est originaire. 
En somme, au delà de toutes considérations psychologiques individuelles ou sociétales qui nous ramènent souvent à des réponses automatiques et donc faciles, face à des interrogations incessamment posées.  
    Ou écrire pour signaler à travers mon cas, celui de milliers de personnes sans emploi ? 
    Des chômeurs égarés.   
    Si les uns trouvent une issue heureuse parce que, «débrouillards» ils réussissent tant bien que mal à se faufiler dans l’engrenage qui régit le marché de l’emploi dans notre pays ou parce qu’ils atteignent -vivants- l’autre rive de la méditerranée ; les autres par contre, «incapables» ou invalides, restent figés dans l’espace et le temps. Car, si le chômage est un problème qu’on dit bel et bien mondial quoiqu’il n’ait pas la même signification et définition que dans les pays développés l’ayant connu et traité avant nous, il prend une dimension particulière dans mon pays. Vécu intensément par une grande masse de jeunes et de moins jeunes, d’hommes et de femmes, diplômés ou non, que la majorité des familles s’y trouvent affectée dans l’un de ses membres à la campagne comme à la ville. C’est un phénomène de notre société et de toute société comparable à la notre je suppose, dont l’approche littéraire ou scientifique semble imprécise tant on est perdu par les divers aspects de sa manifestation au niveau collectif ou individuel. Au niveau officiel déclaré ou informel et tacite. Au niveau de la solidarité exprimée par la société civile compatissante ou de la marginalisation et l’exclusion systématiques par les intervenants politiques. 
Au niveau d’une mentalité fataliste mais bien ancrée dans notre société ou d’un militantisme jaillissant mais farouchement opprimé.   
      Et voilà donc que je réalise au fur et à mesure que j’essai d’écrire, que «mes idées» à moi ne sont nullement ces pensées abstraites qui nous tiennent généralement pendant des éclairs de lucidité mais sont plutôt le fruit d’un amalgame de faits réels et d’événements ordinaires ou peu banales que j’ai vécus au cours de mon périple mais que je vois vivre toujours des gents de mon époque et de mon pays. 
Un ensemble d’images, d’impressions, de témoignages, de descriptions, de critiques et d’appréciations aussi.
      Le fruit d’une interaction entre l’individu, qui ne peut être que moi, avec son milieu.
      Une interaction dont jaillit une certaine philosophie, ma philosophie à moi.
    Ainsi donc je me livre au lecteur en donnant libre cours à mes pensées et mon récit sans avoir sous la main un agenda ou un livre personnel de ceux qu’on a l’habitude d’écrire à un certain stade de notre vie. Un livre qui serait plein de noms de personnes ou de lieux, d’événements ou de dates. D’ailleurs si j’avais cette habitude je l’aurais certainement fait et assidûment, du moins durant des événements marquants de mon pays et de ma localité dont j’étais au cœur ou de circonstances qui auraient pu être prévisiblement prépondérantes dans ma vie.
      C’est encore heureux si je conserve quelques livres de mes études à l’université et quelques programmes dont je pensais faire ma spécialité d’avenir. En réalité je ne dispose que d’un patrimoine constitué de divers documents que j’ai glanés au fil des jours, depuis mes premières confrontations avec les réalités déplorables du marché de l’emploi au Maroc. Un grand cartable bien rempli de lettres de correspondances, d’articles de journaux, d’idées de projets morts nés, de convocations et des reçus de dépôts de candidature, des rapports de stages et de quelques expériences bien limitées, etc... 
        En plus de quelques livres bien sur.
      Mais qui aurait imaginé qu’un jour il serait tenté ou incité à écrire de lui même, ne serait-ce que d’une partie de sa vie parce qu’il se serait rendu compte qu’au fait, il a vécu une expérience digne d’être raconté sinon dans son propre pays, pour le monde entier ?
      Qui aurait eu assez de courage, un courage supplémentaire de celui dont on use déjà pour affronter le quotidien de sa vie de chômeur, pour enregistrer des jours qui se suivent et se ressemblent ?
      Même en pleine détresse je ne l’aurais jamais fait.
Conscient que j’étais que seul le moyen permettant un gagne-pain, puisse susciter un intérêt. Dignement je m’entends. C’est dire à quel point le pain, condition vitale mais auquel l’on ne peut atteindre sans mobiliser des moyens matériels, peut primer des fois sur l’esprit, autre condition vitale mais nourrie de valeurs morales.
      C’est dire autrement aussi que le fait d’écrire pour uniquement écrire, s’il ne semble pas utile dans les circonstances du moment et de l’époque, peut s’avérer décisif pour l’histoire. Qu’elle soit personnelle ou collective. Car cet ensemble d’événements qui est l’Histoire et dont l’Homme, contraint ou volontaire, est le chef d’orchestre, est indissociablement lié à la notion du temps. Donc devient intraitable, non rattrapable et non rectifiable sinon dans un autre contexte. Irréversible, le temps nous empêche en effet de revoir nos actions pour rectifier nos éventuelles erreurs du passé. Plus encore, le temps dans son évolution joue à doubles faces: Aussi incessamment inflexible qu’il nous stresse à nous décider et à agir face à des situations, le temps devient paradoxalement souple pour conditionner justement notre vision à notre histoire. Ainsi il semble tantôt rétréci, pour nous apprendre qu’une telle action ou tel démarche fut trop exalté qu’il ne le fallait ; tantôt dilaté pour nous rendre compte de la grossièreté d’une erreur ou exaction qu’on croyais plus infime.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire