Une machine démoniaque en fait qui, par sa force de résistance et l’efficacité dans la besogne réussie par une harmonisation parfaite de son engrenage apparemment bien huilé, nous contraint en fin de compte à désespérer et à attribuer à la source de nos malheurs une intelligence même. Comme si le génie marocain était invalide. Incapable de relever le défit, son élite intellectuelle et politique, dans la majorité se sombrant dans des observations et des analyses, voire des oppositions dites constructives pour les premiers ; des utopies de changer depuis l’intérieur de la mécanique en jouant le jeu de la démocratie pour les seconds. Entre des conformistes qui profitent de la rente et des réformistes soi-disant gauchistes qui n’attendent que leur tour, le terrain est vide. On aurait dit désertique s’il n’y avait pas de temps en temps, des mouvements protestataires estudiantins, syndicalistes ou associatifs, de différentes idéologies, où on compterait plus de membres de forces de « l’ordre » que de manifestants d’ailleurs.
« Le Makhzen »
cette entité, ce concept ou ce « ? » dont je ne trouve une meilleure approche
descriptive que dans les propos du professeur Ahmed Bennani, un des rares intellectuels
marocains qui a choisi de vivre plutôt exilé à Lausanne en Suisse jusqu’à sa
mort en 2016 :
« Le
Makhzen », c’est le siège du pouvoir et de toutes ses traditions.. une
institution très difficile à définir dans sa complexité et son historicité ..et
qui incarne l’autorité absolue non seulement au sens politique du terme mais
aussi au sens des traditions qui ravagent, qui freinent et qui ankylosent la
société marocaine. C’est à la fois quelque chose de concret, définissable et visible;
et quelque chose de parfaitement imperméable, impénétrable et mystérieux. Un ensemble
de rites, de conspirations et de combines .. En définitive, quelque chose de
plus important que son chef incarné par le monarque. C’est une tumeur qui
diffuse des métastases tueuses de l’espérance et de la modernité.. Il est
exécrable !.. c’est le lieu où se définissent les formes de terreur et de re-
traditionalisation de la société .. Un pouvoir tentaculaire avec un rouage dont
la communication est disséminée par une administration occulte qui n’a pas de
statut légal ni de budget fixe. ! » (Propos recueillis à partir d’un de ses entretiens disponibles sur Internet)
«Des poches de résistance» comme l’avait dénoncé un premier ministre socialiste, ou plutôt «Unioniste» - relativement au nom de son parti bien connu commencant par l’ «Union … » et comme on appelle en général un militant de ce parti- Abderrahman youssoufi qui, apparemment, était contrarié dans l’application du programme de sa majorité parlementaire. Majorité elle même, constituée péniblement d’ailleurs après moult tractations.
Au fait en 1998 l’opposition traditionnelle allait accéder à jouer le rôle de l’Exécutif après un consensus préalable initié par le palais et examiné par les divers et nombreux partis politiques organisés en deux grands groupements.
La «coutla»,
rassemblant les partis qu’on dit démocratiques, le «wifak», autre groupement
de partis dit –défavorablement bien entendu- administratifs (relativement à
l’Administration qui les auraient crées en un certain temps et les aurait fait
gagner aux élections). L’interlocuteur intermédiaire entre toutes les parties n’était
autre que le fameux ministre de l’intérieure Driss Basri, celui qui dirigeait -«la
mère des ministères!» ironiquement appelée!- . Bien sur un compromis préalable
et officiel, selon quoi, après des amendements constitutionnels soumis au
referendum, on allait entamer une nouvelle ère au Maroc, à commencer par
l’organisation d’élections libres et non manipulées par l’Administration. En
résumé, on projetait en bref et à toute allure de faire comme les démocraties
traditionnelles mondiales pour pratiquer, en utilisant ces deux pôles, le principe
de l’ «alternance» pour gouverner. Ainsi, une fois le gouvernement, de gauche
disait-on, en place, on brandissait à corps et à cris que le pays allait bien
décoller à tous les niveaux parce qu’on prétendait vivre déjà la période dite de «transition
à la démocratie».
Pour la
petite histoire à ce titre, et au début de cette expérience d’une nouvelle
gestion politique qui donnait de l’espoir au peuple démuni, je devrais
accompagner à Rabat au siège du ministère de l’agriculture, un ami diplômé technicien
agricole, qui détenait une recommandation du prince héritier de l’époque, une lettre
écrite aux services concernés, pour lui porter assistance et l’embaucher. Il
faut rappeler qu’il était de coutume que les jeunes en détresse, en ces temps
difficiles, et comme dernier recours, écrivaient au jeune prince héritier qui semblait
compatir avec sa génération, ou à défaut se rendaient sur le chemin de ses
passages aux alentours de sa résidence pour lui donner leurs doléances. La
plupart du temps, ils recevaient ce type de lettres à la suite desquelles, ils sentaient
la fin de la galère et restaient confiant le temps d’un traitement administratif
et d’une bureaucratie. Mais, à notre grande surprise, le fonctionnaire nous
ayant reçus, après nous avoir montré un panier de lettres similaires, où nous
avons déposé la nôtre, nous a assuré que c’était révolu l’époque des
recommandations venant du prince soient-elles et que bel et bien tous les
demandeurs d’emploi allaient être traités sur le même pied d’égalité !
Crédito:Matthew Fowler |
Ou plutard, « des Gobelins et crocodiles », termes repris par celui qui allait jouer le rôle depuis 2011, après 10 ans de règne du nouveau roi, du premier ministre Abdelilah Benkirane d’idéologie islamiste cette fois-ci à la suite du changement de la constitution imposé par le mouvement du « 20 février » ,conséquence immédiate de la propagation du phénomène appelé « printemps arabe » qui avait débuté en Tunisie.
Ankur Dutta sur Unsplash |
« Poches de résistance » ou encore
« goblins et crocodiles » en attendant de meilleures
appellations dans
le futur, des êtres métaphoriques que ni l’un ni l’autre n’a osé nommer ou désigner
par le doigt, disposant de la garantie offerte par leurs postes comme des chefs
de gouvernements devant les instances internationales, quoique le deuxième
comparse ait été plus franc manifestant son impuissance à le faire, et donc sa
lâcheté politique et allant jusqu’à défier ses adversaires politiques à faire
de même.
Les chroniqueurs de la fin des années 90 se rappellent bien l’oppression, on ne peut plus
farouche,
de la marche organisée le 26 Octobre
Tout compte fait, seuls les exercés en matière politique et les connaisseurs en histoires de partis surtout, savaient à quoi s’attendre.
Une assurance de transition plutôt de règne monarchique.En douceur! Etant donné la « coïncidence » de ces faits politiques historiques avec l’évènement de la mort du roi et l’accession de son prince héritier au trône de ses ancêtres.
Et voilà qu’en toute démonstration, on est plutôt en face d’une « intelligence» on ne peut plus redoutable, un esprit même! Car pourvue en plus, d’une capacité d’adaptation remarquable.
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