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les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

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Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

samedi 27 novembre 2021

21. La vérité sur la « priorité des priorités » qui escamote tous les problèmes sociaux des Marocains

     En tout cas, de mon univers bien paisible et tranquille je suivais tout ce qui se rapportait au problème de l’emploi. A commencer par les petites annonces d’offre d’emploi réelles ou créées de toute pièce ou seulement publiées parce que la loi le stipule. En passant par les nouveautés et les programmes annoncés par l’État dans des discours qui avançaient la priorité donnée, en second lieu, au chômage des diplômés en réponse à cette pression montante des partisans du droit au travail et des activistes sociaux.

    On disait, en second lieu, tout de même, après la première préoccupation nationale allouée à la question du « Sahara marocain » autour de laquelle une unité nationale s’est soi-disant forgée et que toute opinion, discussion ou idée qui va à l’encontre de cette vérité constitue un délit et est passible de peine de prison. Tanto « Sahara marocain », tanto « nos provinces du sud » pour la consommation interne je m’entends, car le terme « Sahara occidental » dans le jargon de la diplomatie internationale, est stipulé de facto dans les documents officiels mêmes du ministère marocain des affaires étrangères. Ce dossier a toujours le privilège de prendre le dessus sur tous les problèmes du peuple depuis l’événement de la « marche verte » en 1975.

    La « Marche verte », cette grande fanfare de 350 000 Marocains transportés à partir de toute parts du pays par camions, train et cars vers le sud jusqu’à la porte du désert pour aller rejoindre le reste des populations sahraouies dans une marche à pied, question de mettre devant le fait accompli (pense-t-on dans les milieux populaires !) les espagnols qui occupaient le territoire appelé « Sahara occidentale » et que le Maroc réclamait comme faisant partie de son intégrité territoriale. Une grande organisation qui a mobilisé il faut le dire, des moyens logistiques énormes et colossales pour lister et comptabiliser, rassembler les personnes et les matériels, transporter, coordonner et nourrir la masse. 

Alors que j’étais adolescent à l’époque et en sortant de l’école qui jouxtait un chemin de fer, je n’ai jamais oublié la joie et l’enthousiasme de cette population expédiée dans des wagons  même de marchandise des fois, comme du bétail, qui scandait des slogans patriotiques et qui avait plein le ventre tellement ces gens nous jetaient sur leur passage des boites de sardines et des morceaux de baguettes de pain. 

D’ailleurs les participants volontaires portant à la main le livre du Coran et un drapeau marocain et qui avaient répondu à l’appel du monarque, étaient motivés plutôt par une récompense tacite, une possibilité d’y avoir un lot de terrain et d’y vivre une fois « libérés » ces terres, avant de se désillusionner quand on leur a demandé de rebrousser chemin et que l’objectif était atteint. Reste à ajouter que ces mêmes volontaires ayant soi-disant servi la patrie, dans la majorité ont fini leur vie dans la misère et sans aucune considération notable.

 

Source Wikipédia
 source Wikipédia
D’ailleurs, cette grande épopée qu’on avait fait avaler au Marocains comme étant un coup de maître pour avoir récupéré un territoire sans verser une seule goutte de sang, des documents déclassifiés de la CIA datant de 1975, et mis en ligne en 2017 ont montré qu’il s’agissait en réalité d’un deal  entre Rabat , Madrid et Washington: un plan qui mettait en pratique comment Juan Carlos I, allait délivrer le territoire sahraoui sous son occupation au Maroc, afin de jouir du soutien américain dans sa prise de pouvoir, le dictateur espagnol Francisco Franco étant alors mourant. Autrement dit la mission consistait à arracher le soutien nord-américain pour ainsi éviter un conflit avec le Maroc qui pourrait lui coûter sa couronne. De cette façon, les Américains ont négocié avec Hassan II et finalement le pacte secret par lequel Juan Carlos livrerait le Sahara espagnol à l’administration du Maroc serait signé. En échange les États-Unis deviennent son allié.  

   Au demeurant, à chaque fois que de grandes manifestations à caractère essentiellement syndical se manifestent, les dirigeants, roi ou membres du gouvernement utilisent cette question de « Sahara » comme un pare-chocs de protection pour éviter de négocier ou du moins gagner du temps en attendant que la vague passe ou que les mouvements se fatiguent et les syndicats s’éreintent. 

    Ce fut un des rarissimes cas, celui des cheminots de l’ONCF (l’Office Nationale des Chemins de Fer) qui avaient entrepris une grève suite à l’appel de syndicats concernés - je m’en rappelle c’était dans les années 90 car un ami de mon cercle de l’époque était cheminot- mais n’ayant pas trouvé d’échos chez les responsables, ont eu recours à l’escalade comme il est de coutume dans le bras de fer entre les chefs qui commandent et qui font la politique et les subordonnés qui doivent s’y soumettre et exécuter. La grève commençait à durer dans le temps car les patrons ont préféré faire fi des réclamations de cette grande masse d’employés, qui assurent entre autres transport de voyageurs, celui de marchandises en l’occurrence  la richesse nationale : le phosphate, et enfin de compte, après quelques mois, sans réponse et sans aucune considération pour cet événement, on peut facilement imaginer l’éreintement de cette grève jusqu’à l’épuisement totale. On fait traîner jusqu'à l'agonie et l'effacement. 

Tel un condamné à mort qu'on a exécuté par suicide "placebo", qui agonise au son de l'échos qu'il pense de de son sang qui distille goutte à goutte dans un récipient mis sous sa nuque à cet effet. 

Petit à petit, des travailleurs commençaient à reprendre volontairement leur travail sous les contraintes et les poids des charges sociales et surtout la peur de tomber dans le chômage notamment pour ceux qui avaient le statut « temporaires » et qui savent déjà ce qu'est le quotidien d'un sans-emploi. Que dis-je ? Le coût de grâce a même été donné par le chef suprême de l’État dont le discours qu’on avait annoncé comme par hasard, dans les médias sans occasion apparente et que le peuple naïf pensait qu’il allait apporter des propositions, appeler à la négociation pour débloquer la situation, ou du moins attirer l’attention sur l’impact socioéconomique de cette longue grève de cheminots, n’a fait aucune allusion au problème qui a secoué cette classe sociale et une partie du peuple avec, autant qu’il s’est attardé sur un détail de « la question prioritaire numéro 1 ». Qu’à cela ne tienne, on a fait de surcroit recours à la gente militaire pour faire la besogne à la place des mécaniciens et techniciens de train. En somme, une guerre froide qui s’est soldé par une douche froide chez nos compatriotes travailleurs syndicalistes, qui se sont vus obligés de reprendre tant bien que mal leur travail mais avec une grande amertume. Dans de pareilles circonstances, le poids de la société s’impose aussi. 

C’était tout simplement le tour des cheminots cette fois-ci de subir cette double humiliation.

     Non seulement on se moque de ce que tu réclames, de ce dont tu as besoin, mais pire, on sous-estime ton action et on ignore ta voix! On ne redoute jamais des conséquences de ces faits qui pourraient dégénérer un jour comme ce fut le cas du soulèvement du peuple en 1981 réprimé dans le sang par l'intervention militaire dans les rues de Casablanca, qui avait éclaté justement suite à une grève générale appelée par les syndicats suite à une augmentation dans les prix des denrées alimentaires notamment de la farine, constituant principal du pain du Marocain qu'il trempe dans la sauce de sa pauvre gamelle pour survivre dans un pays qui regorge de ressources naturelles. Cerise sur le gâteau, le fameux ministre de l'intérieur de l'époque "Driss Basri" est intervenu sous la coupole du parlement pour qualifier ces graves événements  de  "révolte de Komira" ("komira":pain dans le jargon populaire!) feignant ainsi ignorer que le pain c'est le quotidien du Marocain.

     Les mêmes traitements, qu’on soit « chômeurs de leur État » , « employés de leur patron » ou " grévistes de leur syndicat" ou tout simplement " contestataires de leur situation".

                                                              

dimanche 7 novembre 2021

20 – Tant qu’il y a cet engrenage, l’injustice sociale perdure

     

Et moi, en essayant d’écrire, je me retrouve à dénoncer cet engrenage auquel je ne me suis pas adapté, il faut bien le reconnaître, et qui s’avère persistant et prospère tant qu’il y a toujours des gens qui ont faim et des laissés pour compte vivant à la marge de la société.

   Tant qu’il y a des ignorants.

   Hélas! Les gens cultivés ne vont pas à la rescousse des autres !

    Tant qu’il y a une race de gens –je ne dis pas citoyens, loin s’en faut!- sans dignité et qui se croient en raison de vendre leurs voix aux élections pour un morceau de pain, pour finir la construction de leurs habitats ou pour n’importe quels autres faveurs personnelles. Des élections déjà bien truquées mais quand même. Rien que le fait d’y participer. Le nombre d’inscrits dans les listes électorales et celui des votants comptent énormément, surtout pour l’image à l’extérieur. N’est-ce pas ?       

     Hélas! Les citoyens incorruptibles même pauvres, ils existent mais bafoués.

    Tant qu’il y a des affamés d’une place aux deux parlements allèchement rémunérée par ailleurs. Ces ambitieux, cadres de leur formation, avides de briguer des postes supérieurs et des ministères et qui ne peuvent arriver à leurs fin sans qu’ils soient assistés et soutenus financièrement par une bande de féodaux. Ces derniers, à leur tour, dans la majorité illettrés mais propriétaires d’immenses terrains arables hérités de l’époque coloniale, et de biens immobiliers ; ont trouvé dans l’exercice de la politique à la marocaine, en créant des partis et en achetant la conscience de pauvres gens dans le besoin lors des élections, le moyen de préserver leurs intérêts et plus encore d’accéder à une certaine immunité ou à se rapprocher du pouvoir.

    Hélas! Les politiques de bonne foi vivent parmi nous mais se font piéger par leur naïveté ou préfèrent se retirer sans dégâts dès les prémices d’une manigance jouée par leurs propres partis ou groupes politiques sinon par des lobbies malveillants.

    Tant qu’il y a des impunis et des graciés pourtant bien impliqués dans des détournement de fonds publiques.

     Hélas ! On emprisonne ceux qui dérobent des œufs ou des bricoles pour survivre et on les engraisse dans des geôles sans faire profiter la société de leur énergie ni les faire profiter d’une bonne éducation.

    Tant qu’il y a des opportunistes qui s’accrochent aux jupons du pouvoir pour se prémunir de rendre tout compte ou pour se permettre d’être au dessus de la loi.

    Hélas ! Les méritants doivent se ranger dans le troupeau condition sine quoi none, sinon ils ne peuvent se prévaloir d’aucune considération.

   Tant qu’il y a des leaders installés inébranlablement à la tête de leurs syndicats et partis. Pratiquant la démocratie interne à leurs manières –le choix du président non par suffrage mais par applaudissement par exemple! -, ils bloquent tout espoir d’évolution et de développement de la pratique syndicale ou politique.        

     Hélas ! Les citoyens vertueux même riches, ils existent mais indifférents.

     Tant qu’il y a d’un coté des chômeurs de leur vie d’exclus, et de l’autre, des fonctionnaires de leur vie de fantômes ! En effet on n’arrête pas de parler de « fonctionnaires fantômes » estimés en milliers dans diverses ministères mais sans jamais ouvrir le dossier pour de bon. D’ailleurs n’est-il pas ainsi qu’on ouvre et ferme les dossiers qui sentent l’escroquerie sans jamais parvenir aux instigateurs réels et sans même punir. C’est à peine si l’on prononce des noms, des brebis galeuses en sommes et des sacrifiés. 

   Hélas ! Des potentialités à l’âge de produire intensément et de participer activement à fortifier le produit national brut, se trouvent paradoxalement actives dans la rue à gaspiller leurs énergies dans les manifestations, les meetings, les discours et tout genre de militantisme heureusement encadrés par des associations ou des jeunesses de partis en ne désirant que participer de l’économie de leur pays au lieu d’être persécutés, dérangés, maltraités, emprisonnés et , ne l’oublions jamais, victimes dans leurs membres de plusieurs martyres mêmes et par-dessus le marché, harcelés et étiquetés par des services de l’État, visibles ou invisibles, avec tout les budgets qui s’en suivent. Quel gâchis !

     Moi, demandeur d’emploi que j’étais des années durant, vacillant entre un espoir effréné et un désespoir subit, entre une compréhension forcée de la situation et une candeur stupide entretenue par l’environnement proche, entre un sujet banal comme les autres faisant partie du troupeau et un chômeur avisé à qui cela arrivait au cours d’échappées belles, de se poser des questions, entre un diplômé universitaire et qui se préoccupait seulement de ses études et un militant associationniste enfin qui s’est forgé une identité avant d’ouvrir les yeux sur les clivages surtout politiques de sa propre société, je ne peux m’exposer dans ce récit sans penser aux martyres de ma race, morts à ma place pour avoir simplement osé manifester l’injustice en levant haut la voix et réclamer un droit constitutionnel, celui du travail en défiant le bourreau sur son terrain jusqu’à l’obliger à commettre l’impardonnable. Je leur suis reconnaissant toute ma vie.

   Tant qu’il y a des discours fanfarons de « Droit de l’Homme ». Alors que d’un coté on modernise des institutions démodées ou on en crée d’autres allant jusqu’à oser parler de la réconciliation nationale avec les exactions commises au passé, pendant les années de plomb, de sang ou de braises -comme on préfère dire–, réconciliation vivement protestée d’ailleurs sur la forme et le fond ; et de l’autre la matraque et la torture continuent de sévir d’actualité ! On n’en finit jamais car à l’heure où j’écris ces lignes j’apprends qu’en ces temps de soi-disant réconciliation, la torture continuait de plus belle !

  « Matraque moderniste et démocratique » : ainsi commentée ironiquement par une caricature illustrant une des manifestations organisée par un des groupes de docteurs chômeurs cette fois-ci.   

      Matraque à l’image du projet de société qui est le nôtre d’ailleurs.

     Tant qu’il y a une mentalité conservatrice comme celle qui perdure encore et toujours dans nos administrations d’autorité ou publiques. Intransigeante, elle reflète la robotisation de ses employés formés à lire dans la paperasse et non dans les Hommes.  Comment pourrait-on demander à un citoyen de présenter un certificat de vie le concernant personnellement, document administratif signé et déclarant qu’il est en vie, pour bénéficier d’un certain service administratif, alors qu’il est en chair et en os face à un fonctionnaire qui , en se fiant seulement à ses capacités de jugement intacts, pourrait le certifier, au lieu de bafouer la raison et la morale en faisant soumettre le dit employé à une bureaucratie qui le traite d’invalide et lui ôte toute son humanité ?

    Hélas ! Des requis continuent ça et là dans nos administrations qui nous ignorent en tant qu’entités humaines mais qui nous reconnaissent en tant qu’entité papetière.

   Tant qu’il y a cette injustice sociale entre un octroi de salaires pour des chanceux casés dans des postes, rétributions exorbitantes parfois qu’on ne veut même pas estimer ni préciser la fonction des hauts dignitaires qui les perçoivent, et tout ce qui s’en suit d’avantages sociaux aussi non équilibrés soient-il; et entre un laisser pour compte vis-à-vis d’autres, sans indemnisation aucune, et qui doivent s’affronter à leur sort, mendier à leurs proches, se débrouiller, guerroyer, se dépasser parfois voire s’entretuer entre eux pour survivre.  Ces autres chômeurs de leur vie, convertis en petits commerçants ou vendeurs ambulants plutôt, en artisans, en ouvriers et ouvrières. Sans statut ni loi. Sans organisation sociale ni assurance. Ouvrières bien masquées de leurs visages pour se protéger du soleil ou pour ne pas être reconnues comme « chmandriat » terme péjoratif qualifiant celles qui se pointent le matin de bonne heure, pour aller travailler dans les champs de betteraves à sucre, et encore quand la saison est pluviale. Tous ces autres qui, le jour où ils tombent malades n’ont qu’à épuiser dans leurs…misères !

     Ces « Bidoun » (équivalent de "sans emploi") dont le terme a rejoint la gamme des métiers au Maroc sans aucun scrupule d’ailleurs, puisqu’on le marque ainsi dans les cartes d’identité nationales (CIN) comme une profession. J’en ai vu, des cas similaires au cours de mon parcours lors d’une traversée dans certaines villes du Maroc, au cours d’un programme de statistique effectué par un institut sis à Rabat et qui devait se charger de faire ce projet pour le compte du ministère de l’habitat datant de 2005. Je faisais partie d’un groupe qui avait participé à cette tâche, dirigé par un superviseur de bonne foi paraissait-il, qui avait des contacts dans le milieu des étudiants et des syndicats et qui nous avait offert cette possibilité de travail quoique temporaire car allait durer seulement quelques mois. Cette expérience m’a permis de voyager un peu à l’intérieur du pays et de me rendre bien compte de pas mal de réalités dont j’aurais certainement l’occasion d’en parler dans ces récits. Pour l’instant, notre travail consistait à consulter les archives poussiéreuses dans les municipalités, des plans de construction, de répertorier les espaces des habitations, les superficies et les données des occupants ainsi que l’octroi des autorisations, et pour finir faire une visite sur le terrain pour corréler les informations recueillies. A vrai dire, tout laissait à penser qu’il s’agissait seulement d’une plaisanterie, un marché bidon passé sous le nez des contribuables car d’un côté je ne sentais en aucun cas du sérieux dans l’exécution du boulot (faire des statistiques et vérification sur place). On disposait d’une voiture avec chauffeur, on nous installait dans des hôtels bon marché, on nous payait le déjeuner et pour le reste il fallait compter chaque jour seulement la moitié de nos performances individuelles pour le paiement hebdomadaire, car notre travail supposait en principe une vérification ultime et ce n’est qu’à la fin du projet qu’on devrait compter sur la moitié restante de nos honoraires (pour ne pas dire salaire). Bien entendu pour ma part, j’avais laissé tomber ce boulot suspect car ça sentait la traine. Tout ce qui traîne est mauvais, parole de chômeur de longue date ! Ceci dit, j’en ai gardé un certificat de travail pour mon C.V., une petite expérience de vie, d’amusement et de plaisir, de découverte et de partage et bien sûr de malentendus et perte de temps. C’est alors qu’en feuilletant des archives que je tombais sur des professions reconnues comme « Bidoun ». Ces « Bidoun » payent des taxes puisque arrivent à acquérir un espace pour se construire une maison ou du moins un abri. Moralité : si d’un côté on essai de s’en sortir de sa situation de chômage avec les moyens du bord en montant n’importe quelle affaire qui ne peut être qu’informelle, de l’autre les autorités te reconnaissent dans ton informalité quitte à te faire payer des apports aux caisses de l’État comme étant des impôts alors qu’en réalité, sans statut formel et juridique la marge de la manipulation ou disons les choses telles qu’on devrait les appeler, la corruption bat son plein.

     Tant qu’il y a de la corruption...

    Et j’en passe. Les « tant qu’il y a», à les énumérer, j’ai bien peur de ne pas m’en sortir. Tellement j’en connais et j’en vois dans ma vie de tous les jours. 

   Les gens réussis dans le formel existent mais sont nettement minoritaires, il faut bien le préciser. Je ne parle que de la majorité du peuple hélas !

    Un constat pourtant bien commun à tous les pays dits sous-développés, mais associé à la réalité de nos pays dits arabo-musulmans, la soupe n’en ai que bigrement amère. Tellement l’analphabétisme et l’ignorance battent des records et la volonté du changement est quasi absente sauf dans les déclarations vernis. Remarque, je dis bien « les pays dits arabo-musulmans»! Il faut dorénavant bien le préciser en ces temps de mondialisation et d’éclatement des cultures. C’est plutôt difficile de s’en rendre compte à force de le dire à tout bout de champs. Il y a biens de concitoyens qui  se sentiraient blessés dans leurs identités autres qu’arabophones. Quoique nous, dans les limites de notre pays, nous sommes d’origine arabe ou amazigh, disons dans la majorité, des amazighs arabisés -ou toute autre identité non encore mentionnée-, et nous faisons partie de cette grand espace nord-africain et sud-méditerranéen.

   Je n’y peux rien si au cours de ma recherche interminable et fatigante d’un emploi, j’était continuellement confronté à des réalités face auxquelles l’on n’avait pas le choix : Soit s’y soumettre en suivant le courant, et là on demeure en perpétuel conflit avec soi même on a beau s’être réalisé professionnellement. Soit les refuser mais gare à soi si l’on se retrouve un jour sans situation professionnelle ni sociale. Or dans un cas comme dans l’autre, l’on se sentirait toujours sinon esseulé par soi-même, marginalisé et exclu par notre collectivité et notre milieu.

    Je n’y peux rien si, au cours de mon périple, faute de l’un, je me suis retrouvé dans l’autre. Par hasard ou par conviction, je ne saurais définitivement et clairement trancher.  

 

                                           

19 - La persistance des problèmes sociaux entre « le Makhzen », « les poches de résistance » et « les goblins et crocodiles »

        Une machine démoniaque en fait qui, par sa force de résistance et l’efficacité dans la besogne réussie par une harmonisation parfaite de son engrenage apparemment bien huilé, nous contraint en fin de compte à désespérer et à attribuer à la source de nos malheurs une intelligence même. Comme si le génie marocain était invalide. Incapable de relever le défit, son élite intellectuelle et politique, dans la majorité se sombrant dans des observations et des analyses, voire des oppositions dites constructives pour les premiers ; des utopies de changer depuis l’intérieur de la mécanique en jouant le jeu de la démocratie pour les seconds. Entre des conformistes qui profitent de la rente et des réformistes soi-disant gauchistes qui n’attendent que leur tour, le terrain est vide. On aurait dit désertique s’il n’y avait pas de temps en temps, des mouvements protestataires estudiantins, syndicalistes ou associatifs, de différentes idéologies, où on compterait plus de membres de forces de « l’ordre » que de manifestants d’ailleurs. 

          

 Pourtant l’aspect le plus remarquable de cette « intelligence» ne peut-être à mon sens, que ce que les marocains connaissent déjà parce qu’ils lui ont toujours donné un nom: Le «Makhzen». Notion qui jadis, sous entendait uniquement le pouvoir avec ses moyens autoritaires archaïques, nés essentiellement de la gestion des stocks de vivres et de logistique, mais modernisés et rendus plus efficaces par la présence coloniale (de 1918 à 1956) parce qu’elle y trouvait son compte, s’est vu le sens bien évolué et transformé même, en ce Maroc d’aujourd’hui. Terme qui ne pouvait être cité que dans les coulisses publiques auparavant, allait être, à travers les dernières décennies, banalisé par le langage populaire, tant que la manière d’agir du «Makhzen» se manifestait peu à peu et au grand jour, dans divers aspects de la vie des citoyens dans leur relation avec l’Administration en général. Ainsi, avec « Dar el Makhzen » on signifie le palais royal d’où il gouverne, « s’asseoir à la table du Makhzen » désigne les assises au tribunal, « convoqué par le Makhzen » fait allusion au commissariat de police, avec « porter plainte contre le Makhzen » on insinue se confronter à l’État, ou encore « avoir l’autorisation du Makhzen » qui renvoie à l’administration préfectorale ou communale. A partir de cette dernière on réalise le spectre de cette ombre qui va dans sa qualification, au-delà de l’autorité centrale mais qui affecte même des institutions modernistes à visée démocratique créées par le colonisateur : les « Communes ». Dans le jargon populaire on attribuera le terme « Makhzen » même à ces arrondissements par abus du langage on dirait a priori ! Mais l’on se rend à l’évidence lorsqu’on sait que, d’un côté, les chefs de telles municipalités sont plutôt des représentant de l’État, des « caids » ou « pachas », et nullement des représentants du peuple, et de l’autre, les maires une fois élus sont confortés dans leur poste à leur tour par décret ou « Dahir » royal. Tellement, l’aspect tentaculaire du « Makhzen » couvre par son ombre tout. Absolument tout et à tous les niveaux. 

« Le Makhzen » cette entité, ce concept ou ce « ? » dont je ne trouve une meilleure approche descriptive que dans les propos du professeur Ahmed Bennani, un des rares intellectuels marocains qui a choisi de vivre plutôt exilé à Lausanne en Suisse jusqu’à sa mort en 2016 :

« Le Makhzen », c’est le siège du pouvoir et de toutes ses traditions.. une institution très difficile à définir dans sa complexité et son historicité ..et qui incarne l’autorité absolue non seulement au sens politique du terme mais aussi au sens des traditions qui ravagent, qui freinent et qui ankylosent la société marocaine. C’est à la fois quelque chose de concret, définissable et visible; et quelque chose de parfaitement imperméable, impénétrable et mystérieux. Un ensemble de rites, de conspirations et de combines .. En définitive, quelque chose de plus important que son chef incarné par le monarque. C’est une tumeur qui diffuse des métastases tueuses de l’espérance et de la modernité.. Il est exécrable !.. c’est le lieu où se définissent les formes de terreur et de re- traditionalisation de la société .. Un pouvoir tentaculaire avec un rouage dont la communication est disséminée par une administration occulte qui n’a pas de statut légal ni de budget fixe. ! » (Propos recueillis à partir d’un de ses entretiens disponibles sur Internet)

    Et en diverses circonstances malencontreuses de la vie quotidienne des Marocains, ni les emprisonnements de militants dans les domaines des Droits humains, bien résolus à le montrer du doigt, ni la censure de publications de journalistes honnêtement engagés, ne pouvaient empêcher de le critiquer directement. Des reproches qui allaient être reprises ouvertement et systématiquement par la suite, tantôt par des agents d’autorités bien avisés eux même et des responsables politiques et honnêtes, tantôt par la société civile et la presse en générale. Le pouvoir, en tirant son épingle de la pâte en ces temps de mondialisation et d’ouverture – et de pressions des instances internationales des Droits de l’Homme entre autres-  et en essayant de se redorer le blason, a démontré un laisser-faire des plus remarquables et sans précédent, il faut bien le dire vers la fin de la décennie 90 et pour cause !  Et donc de ce fait le «Makhzen» devait prendre bel et bien, dans la culture générale, une nouvelle signification. Une acception qui ne reflète plus que cette mentalité inflexible, tenace et qui s’avère manifestement insensible à tout changement. Une mentalité prétexte-t-on qui subsisterait encore à tous les niveaux de la vie administrative, culturelle, politique et sociale, et à commencer par le simple préposé aux plus hautes sphères de l’autorité.

     «Des poches de résistance» comme l’avait dénoncé un premier ministre socialiste, ou plutôt «Unioniste» - relativement au nom de son parti bien connu commencant par l’ «Union … » et comme on appelle en général un militant de ce parti- Abderrahman youssoufi qui, apparemment, était contrarié dans l’application du programme de sa majorité parlementaire. Majorité elle même, constituée péniblement d’ailleurs après moult tractations.

           Au fait en 1998 l’opposition traditionnelle allait accéder à jouer le rôle de l’Exécutif après un consensus préalable initié par le palais et examiné par les divers et nombreux partis politiques organisés en deux grands groupements.  

La «coutla», rassemblant les partis qu’on dit démocratiques, le «wifak», autre groupement de partis dit –défavorablement bien entendu- administratifs (relativement à l’Administration qui les auraient crées en un certain temps et les aurait fait gagner aux élections). L’interlocuteur intermédiaire entre toutes les parties n’était autre que le fameux ministre de l’intérieure Driss Basri, celui qui dirigeait -«la mère des ministères!» ironiquement appelée!- . Bien sur un compromis préalable et officiel, selon quoi, après des amendements constitutionnels soumis au referendum, on allait entamer une nouvelle ère au Maroc, à commencer par l’organisation d’élections libres et non manipulées par l’Administration. En résumé, on projetait en bref et à toute allure de faire comme les démocraties traditionnelles mondiales pour pratiquer, en utilisant ces deux pôles, le principe de l’ «alternance» pour gouverner. Ainsi, une fois le gouvernement, de gauche disait-on, en place, on brandissait à corps et à cris que le pays allait bien décoller à tous les niveaux parce qu’on prétendait vivre déjà la période dite de «transition à la démocratie».

Pour la petite histoire à ce titre, et au début de cette expérience d’une nouvelle gestion politique qui donnait de l’espoir au peuple démuni, je devrais accompagner à Rabat au siège du ministère de l’agriculture, un ami diplômé technicien agricole, qui détenait une recommandation du prince héritier de l’époque, une lettre écrite aux services concernés, pour lui porter assistance et l’embaucher. Il faut rappeler qu’il était de coutume que les jeunes en détresse, en ces temps difficiles, et comme dernier recours, écrivaient au jeune prince héritier qui semblait compatir avec sa génération, ou à défaut se rendaient sur le chemin de ses passages aux alentours de sa résidence pour lui donner leurs doléances. La plupart du temps, ils recevaient ce type de lettres à la suite desquelles, ils sentaient la fin de la galère et restaient confiant le temps d’un traitement administratif et d’une bureaucratie. Mais, à notre grande surprise, le fonctionnaire nous ayant reçus, après nous avoir montré un panier de lettres similaires, où nous avons déposé la nôtre, nous a assuré que c’était révolu l’époque des recommandations venant du prince soient-elles et que bel et bien tous les demandeurs d’emploi allaient être traités sur le même pied d’égalité !

 Crédito:Matthew Fowler
 
Grande illusion! Que nous Marocains allions croire jusqu’au bout sauf que les problèmes ont demeuré et que même l’approche utilisée auparavant pour traiter les problèmes sociaux est resté inchangée. Jusqu’au moment où je parle.

Ou plutard, « des Gobelins et crocodiles », termes repris par celui qui allait jouer le rôle depuis 2011, après 10 ans de règne du nouveau roi, du premier ministre Abdelilah Benkirane d’idéologie islamiste cette fois-ci à la suite du changement de la constitution imposé par le mouvement du « 20 février » ,conséquence immédiate de la propagation du phénomène appelé « printemps arabe » qui avait débuté en Tunisie.

  Ankur Dutta sur Unsplash

 « Poches de résistance » ou encore « goblins et crocodiles » en attendant de meilleures
appellations dans le futur, des êtres métaphoriques que ni l’un ni l’autre n’a osé nommer ou désigner par le doigt, disposant de la garantie offerte par leurs postes comme des chefs de gouvernements devant les instances internationales, quoique le deuxième comparse ait été plus franc manifestant son impuissance à le faire, et donc sa lâcheté politique et allant jusqu’à défier ses adversaires politiques à faire de même.

    Les chroniqueurs de la fin des années 90 se rappellent bien l’oppression, on ne peut plus
farouche, de la marche organisée le 26 Octobre

1998 dans la capitale Rabat par l’A.N.D.C.M (Association Nationale des Diplômés au Chômage du Maroc) à l’occasion de son 7ème anniversaire –déjà!- pour signaler la gravité d’un fléau qui existe toujours contrairement aux slogans des discours. On pensait innocemment d’ailleurs que les amis d’hier, les opposants     traditionnels qui chevauchaient sur les problèmes sociaux notamment celui du chômage, allaient bien reconnaître officiellement ces mouvements de protestations de chômeurs de tout bord et ouvrir un dialogue une fois au gouvernement du roi. Cependant, ce premier incident «fâcheux» où la matraque une fois de plus disait son dernier mot pour disperser les foules, n’était qu’un signe précurseur en fait, de ce qu’on allait vivre au Maroc. La déception pure et simple. Mais quelle déception ! Surtout lorsqu’elle émane de gens que la masse des citoyens croyait épouser –à tort hélas!- leur cause, et partager leur souffrance et leur aspiration à des lendemains qui chantent.

      Tout compte fait, seuls les exercés en matière politique et les connaisseurs en histoires de partis surtout, savaient à quoi s’attendre.

Une assurance de transition plutôt de règne monarchique.En douceur! Etant donné la « coïncidence » de ces faits politiques historiques avec l’évènement de la mort du roi et l’accession de son prince héritier au trône de ses ancêtres.  

     Et voilà qu’en toute démonstration, on est plutôt en face d’une « intelligence» on ne peut plus redoutable, un esprit même! Car pourvue en plus, d’une capacité d’adaptation remarquable.

 

mardi 2 novembre 2021

18 - Quand les apparences nous mènent à transgresser des valeurs intrinsèques et des droits

       En tout cas, lors de mes préoccupations à sauver mon image apparente et donc à perpétrer inconsciemment des modes de pensées et de jugements communs, je tournais en rond. Je ne pensais pas trouver l’issue sauf en moi. C’est ainsi d’ailleurs que je surpassais même en amours mes déboires sentimentaux. En parler et en discuter avec ses amis et confidents, écouter les conseils de l’un et les suggestions de l’autre, mais la solution finale ne vient que de soi. On s’isole, on médite longuement et on recolle les morceaux du puzzle pour forger soi-même l’attitude à prendre face au problème qui est le sien. C’est uniquement dans cette attitude-là que l’on trouve le salut pas à une autre. Dans le même contexte, je me rappelle bien avoir lu quelque part un passage philosophique que j’avais longuement médité  et qui disait :

  « L’homme, devant l’intense transformation dont son milieu est l’objet, doit non pas chercher à régresser au stade antérieur à cette transformation, mais au contraire rechercher la transformation symétrique de lui-même qui lui permettra, dans le couple qu’il forme avec son environnement, de rester le maître de la relation qui s’y produit »

      La philosophie m’a bien servi moi, chômeur de ma condition de vie, autant qu’elle devrait servir, je suppose un politicien bien avisé de sa qualité d’Homme et de gestionnaire de la chose publique. Enfin, je parle de l’acte de philosopher, de porter la réflexion au plus loin de l’épicentre, de l’approfondir ou de l’extrapoler en vu de percevoir des solutions et de trouver des explications apaisantes. D’une perception trop courte trop collée au sujet du dilemme on passe à une vue plutôt aérienne et holistique. De la « philosophie » comme discipline et science, je n’en garde malheureusement que ce que j’avais appris en temps du collège lorsqu’encore à mon époque on pouvait l’étudier bien avant qu’elle soit bannie des programmes dans les années 80 en compagnie de ce qu’on appelait aussi « la pensée islamique ».

      Et pour cause !

      Heureusement donc, que je restais en contact avec la lecture, l’imagination et la réflexion. Et qui sait? Peut-être dirais-je bien un jour la même chose de l’écriture.

      Sauf que moi je me faisais du mal à moi même!

     C’était donc une affaire à régler avec moi-même d’abord. En cherchant tantôt au fin fond de moi jusqu’à me découvrir au passage des qualités bien camouflées, tantôt au delà de moi jusqu’à me découvrir des défauts bien manifestes. Seulement je ne me rappelle pas avoir nui directement à quiconque excepté à moi. Sinon, moralement à ma collectivité en soutenant une fois de plus, des habitudes et des tabous déjà biens consolidés mais fortifiés par notre douce souffrance: notre silence. 

    Mais aussi individuellement que collectivement, voilà que l’on est amené à dire que lorsqu’on se préoccupe de nos apparences extrinsèques, on ne se soucie même pas des valeurs intrinsèques et des droits de soi-même ou des autres qu’on transgresse au passage.

      Aussi loin qu’ira notre zèle en la besogne, aussi grande sera l’affliction.

    Et devant des préoccupations passionnelles, on commet des enfreins, des viols allant jusqu’à l’atrocité et la férocité par fois.

      Je n’exagère pas.

      Collectivement du moins.

     N’est-il pas dans ce même esprit malheureusement et pour donner un exemple, qu’on a construit au Maroc un gigantesque monument, la grande mosquée de Casablanca avec les larmes et le sang ?

 image Kirych
    L’édifice appelé par ailleurs la « Mosquée Hassan II » était présenté comme étant « un complexe religieux et culturel, aménagée sur quelques hectares au bord de mer et qui comporterait des salles de prières et d'ablutions, des bains, une école coranique, une bibliothèque, un musée et une Académie des arts traditionnels ».

      Sous prétexte de vouloir faire rayonner une part de notre civilisation à travers le monde, en érigeant un minaret aussi haut que des cathédrales, des tours ou des statues bien connues dans le monde, on était allé jusqu’à porter atteinte à l’individu marocain dans sa dignité : ce qu’il possédait.

     Comment ?

     Au commencement de ce projet qui a débuté à la fin des années 80 et dont les travaux ont duré plus de sept ans d’ailleurs, d’une souscription symbolique et volontaire d’un dirham par citoyen, qu’on avait annoncée officiellement et vulgarisée par les moyens traditionnels et audio-visuels de l’époque pour faire participer en principe tout le monde à cette épopée nationale et grandiose , on en était en réalité à un engagement non seulement forcé mais qui dépassait de loin des centaines voire des milliers de dirhams. On devait faire payer les familles proportionnellement aux têtes de membres vivants sous le même toit, au type d’activité exercée ou métier ou même à défaut, d’animaux de bétail possédés du moins dans les « douars » et campagnes.

      C’est aussi absurde que cela !

    Et même en dehors de ces considérations de personnes et d’habitants, on devait payer pour son moyen de vie. Sa camionnette, sa moto ou sa voiture dans les villes.  Son tracteur, sa monture ou ses bovins dans les campagnes. Je ferai grâce au lecteur de l’humiliation de milliers d’hommes et de femmes -incapables de payer ou qui s’y refusaient tout simplement- par les manigances plus qu’abusives d’une autorité et de ses représentants, exercées en plein jour, au vu et au su de tous. D’une participation volontaire et libre, on en était en somme à une obligation plutôt féroce. Seuls les heureux étrangers résidents ou de passage qui participaient volontiers, avaient droit à un document : un grand « reçu » dument scellé et signé même par un «caïd» ou un «pacha» -encore cette histoire de l’image?-. Une opération d’envergure sans limite et pour laquelle tous les moyens étaient bons pour ramasser le maximum possible de billets d’argent, mais sans contrôle aucun et sans supervision. C’est toujours le « Makhzen » marocain qui sévit depuis le XVIème siècle.

D’ailleurs, je me demande combien de responsables à l’exécution dudit projet en avaient fait plein les poches, car les barèmes déjà illicitement établis, apparemment, ne pouvaient être vérifiés ni examinés à leur tour. Rien qu’à voir les montants des participations venant de l’étranger et de pays amis, parce que l’affaire prenait bien aussi une tournure étrangère -il le fallait bien n’est-ce pas?- pour renoncer à une collecte intérieure tellement les sommes étaient exorbitantes. Le peuple, comme à l’accoutumé, se trouvant des alibis au système draconien par lequel il est gouverné pour s’expliquer une fois de plus sa fatale soumission et son incapacité, faisait circuler qu’il s’agissait en réalité d’une manigance connue dans les milieux gouvernementaux et les politiques financières, pour résorber une inflation due à un surplus de billets émis par la Trésorerie Générale du gouvernement en période de crise! Sauf que, affrontés manifestement à de nouvelles crises, les responsables auraient été tentés de les récupérer de la sorte, seulement en puisant, non pas dans les comptes des fortunés car sont intenables et minoritaires ceux-ci, mais dans les économies des pauvres gens et qui sont nombreux ceux-là.

      C’est ainsi qu’en voulant donner une image grandiose de nous, on s’est détruit et on s’est déchiré intérieurement.

    Je n’y connais pas grand chose en manœuvres de politique monétaire, mais on faisait circuler dans les milieux populaires des interprétations de ce genre, au plus grand bonheur des suceurs de sangs qui eux, continuaient dans leurs exactions.

     Toutefois, les Marocains adaptés à subir bien des injustices de ce genre, prennent toujours leur mal en patience. Comme la plupart des peuples soumis, incapables de prendre leur destin à bras le corps et ne pouvant dans de pareilles situations que constater les dégâts, ils ironisent. Déjà connus pour leur sens de l’humour et leurs drôles anecdotes, ils se déchaînent en faisant circuler entre eux et à leur manière d’ironiques histoires spécialement conçues en la circonstance. 

      A cette occasion, je ne saurais priver le lecteur d’une de ses courtes anecdotes.

      Question aussi de divertir et de lâcher-prise.

   Car en général, lors de la lecture aussi intéressante que dramatique ou triste, on est si absorbé et concentré qu’on fronce inconsciemment les sourcilles, qu’on devient nerveux et qu’on est indisponible pour n’importe quel autre tâche sauf à finir. Finalement cette écriture à laquelle je devais m’incliner tout au début, c’est elle qui doit s'accoutumer, à ce stade d’écriture, à moi. Elle doit ironiser à ma manière à moi, marocain avant d’être chômeur de mon pays! Quand j’étais encore pris dans le tourbillon en avalant toutes les promesses selon lesquelles on allait considérer le problème des « demandeurs d’emploi» comme une des priorités nationales alors que sur le terrain la réalité demeurait bien inchangée et le «souk» de l’emploi prospérait toujours. « Chercheurs d’emploi » : ainsi qu’on évitait d’appeler –officiellement gêné!- les chômeurs comme conséquence des politiques de leur Etat. Avant que le langage utilisé par des forces vives du pays aussi bien touchées par ce monstre que compatissantes, ne s’impose ; et avant que ces vagues de protestation dans les rues, de mouvements de tout genre ne le banalisent. Or cette écriture doit lâcher-prise aussi, à mon image à moi, lorsque le souci battait son plein, que je ne voyais plus le bout du tunnel et que je m’emportais dans un laisser-aller et me déconcentrais. Car nos traits reflétant bien nos états d’âme et d’esprit, je me gardais fort bien de perdre mon habituel sourire et mon enthousiasme : des caractères –qualités ou défauts? - pourtant bien innés de ma personne.

      Alors à titre de blagues crées de toutes pièces, se rapportant à notre fameuse collecte d’argent pour ladite mascarade, je cite deux des plus connues :

   « Certains commerçants de boissons alcoolisés se croient bien malins et prétendent :

   -  déjà l’alcool est interdit par la religion, alors participer avec  son argent pour une mosquée en plus! Ce n’est pas accepté !

        Mais on leur répondait : -  Rassurez-vous messieurs, votre argent servira non pas pour la mosquée proprement dite mais uniquement pour la construction des égouts ! »

      Une autre rumeur ironisait sur des propos tenus dans le discours annonciateur du roi qui a utilisé un « Hadith» (Ensemble de paroles ou comportements du Prophète Mahomet) selon lequel, tout donneur qui participerait à la construction d’une maison de Dieu irait au paradis :

      A la campagne cette fois-ci, le paysan qui répond au groupe de l’autorité qui fait la collecte , « Moqaddem », « Cheikh », « Caïd » et la compagnie des « Mokhaznia » :

    - « Comme vous voyez, je suis un pauvre « khammas » qui n’a de compagnie que  cet  âne ! »

     -  « Et ben, tu donnes pour la bête ! »

     -  « Ah bon !.. l’âne ira au paradis aussi ? » 

     -  « Tu donnes.. Oui ou merde ! Espèce de bourricot ! »

      On remarque en somme, à travers de pareilles histoires, le caractère ingénieux et plus malin, que nous marocains, accordons bien, en pleine détresse, à la machine infernale qui combine des opérations de ce genre et bien pires, nous avons beau nous prétendre aussi malins dans d’autres cas aussi bien graves.

     Ne serait-ce que pour nous faire savoir à nous-mêmes qu’« on a bien compris quoique qu’on n’agisse pas!».

  Tel est par exemple une anecdote bien significative se rapportant au douloureux problème de l’emploi tel qu’il est enduré :

        « La scène se passe soi-disant à Fez, quand le haut responsable bien connu de tous, les yeux dissimulés derrières des lunettes de soleil, passe devant un type bien tranquille à jouer aux mots fléchés sur une terrasse d’un café. Le type feigne de ne pas le reconnaître et donc ne salut pas. Le monsieur, confronté à cette situation inhabituelle pour lui, car on devrait lui faire allégeance rien qu’à sa vue, est fou furieux ! Alors il ôte ses lunettes et repasse encore une fois devant le type qui ne branche toujours pas. Finalement :   

     -  « dis donc toi ! tu me reconnais pas ou quoi ? »

     -  « ben, non ! Monsieur.. ? »

     -  « t’es d’ici ? »

     -  « ouai !.. » Il se réveille devant cette directivité qui dans de pareilles circonstances devrait paraître surprenante autant qu’elle bafoue l’amour propre et donc il fallait bien rajouter : ... « .. et alors ? »

     -  « que racontes-tu ? » Alors, à cette question, notre héros commence à espérer devant cette grosse légume, qui sait ? peut-être une plaisanterie qui finirait bien pour lui et donc.. autant jouer le jeu.

             -  « ben.. heu je déconnecte un peu ! je me divertis ! Vous savez le travail.. la fatigue.. la routine.. Monsieur ! »

             -  « tu travailles où ? » 

             -  « je travaille… euh » Il ne s’attendait pas à cette combien gênante question ! Allez ! Au premier mot qui passe par la tête « .. au port.. tiens ! »

             -  « Au port ? Mais il n’y a pas de port à Fez à ce que je sache ! Tu n’es pas sérieux à ce que je vois jeune homme ! »

             - Et notre chômeur se reprend au dernier moment et avec un éclair de lucidité réplique : « Et au Maroc, Monsieur y’a-t-il du travail? »  

      Aussi bien dans notre patrimoine culturel orale que dans nos actes de tous les jours, même une ironie aussi déchaînée qu’elle soit et aussi popularisée n’y peut rien devant cette réalité. Sauf, peut-être à la longue, déranger. 

Ahmed Snoussi Bziz

      Comme c’est le cas de «l’artiste du peuple» - alias b’ziz- à qui je ne peux penser sans rendre hommage. Cet humoriste, ironiste chevronné, créatif et ingénieux est parvenu quasiment seul, à sortir des méandres tracés du rire facile et du gag bien consommé et banal. Ce comique  qu’on interdit depuis des années, à se traduire à la télévision après qu’on lui a déjà rendu la vie difficile au cours de ses tournées et soirées finies des fois sous la lumière des bougies, après des coupures d’électricité comme par hasard!. Ce personnage qui s’était bien risqué (et qui continue d’ailleurs à le faire dans toutes les circonstances jusqu’à maintenant) à même de soutenir un jour une manifestation de diplômés chômeurs de l'A.N.D.C.M.( l'Association Nationale des Diplômés au Chômage au Maroc) en plein cœur de la capitale du pays sans en sortir indemne. 

      Mais enfin, humour contre méchanceté, plaisanterie contre ruse, ou plus exactement candeur contre malice, ainsi que nous nous comportons inégalement de part et d’autre de la barrière sociale celle de la lutte des classes face à cette réalité pourtant combien amère ! Les uns utilisent tous les moyens dont le pouvoir leur permet de disposer pour mener à bien leur tâche : programmer, financer et mobiliser pour leurs œuvres ; et les autres, à défaut de conscience, y vont avec des moyens inappropriés ou à minima.


                                                     

vendredi 22 janvier 2021

17 - On se guette les uns les autres et on "berguegue" !

      Et à propos de l’image de marque, personnellement, je m’en rends bien compte maintenant que je me revois à l’époque ou je n’osais même pas demander un café en crédit au serveur ou au gérant du café même où j’étais un client fidèle qui ne pouvait s’absenter que pour une force majeure. Un consommateur bien présent deux fois par jour, la matinée, un café très serré servi dans un ver pour bien voir la couleur et la petite mousse marron dessus, et l’après-midi, un thé. Lorsque je manquais d’argent de poche et encore dans mon « quartier général » même, mon lieu de séjour habituel. Ce n’était pas de mon genre, moi type bien intègre, qui a apparemment tout ce qu’il faut et qui consomme à chaque fois qu’il se manifeste. Comment me permettrais-je une gaffe pareille?  Alors, impossible de m’installer au café pour éviter tout désagrément, je n’arrêtais pas de me trimbaler dans les rues de la petite ville qu’est la mienne, poches vides mais déclinant toute invitation d’éventuelles rencontres amicales ou familiales en prétextant une occupation majeure et en feignant un dynamisme de zélés.

     Par ailleurs il fallait bien compenser le temps passé habituellement dehors et pouvoir rentrer chez moi comme à l’accoutumé, à l'heure habituelle. Une défaillance à ce train-train de ma part risquait d’éveiller les soupçons des badauds. Un grain de sable dans cet engrenage bien rodé et silencieux pouvait déstabiliser mon rythme tranquille et engendrer beaucoup de bruit. Car chez nous on se guette les uns les autres. Cela fait partie de notre culture. Un simple touriste de passage vous le ferait remarquer :

Rien qu’à voir la manière de la disposition des chaises et tables dans les plates-formes longeant les cafés pour comprendre que les clients ne sont pas disposés à s’installer tout autour des tables, mais plutôt en des rangées parallèles, donnant face à l’avenue, pour voir ce qui s’y passe, épier, surveiller et bien observer pour ne pas commettre l’erreur sur les personnes ou les choses, question d’être sûr de ses racontars. C’est à peine si on discernait un prix pour les meilleurs connaisseurs, ceux qui sont au courant de tout ce qui se passe dans le quartier.

 Aujourd'hui le Maroc
     A ce titre, on s'adonne à des concurrences farouches entre les spécialistes: les "bergagas". Ceux qui ne laissent passer ni une miette de ce que vous aurez mangé chez vous pendant le repas du midi par exemple! Pas seulement, ils sont fiers de l'être et pour cause! Ils sont motivés par la conquête d'un poste autoritaire qui constitue la plus basse échelle dans la hiérarchie de l'"Autorité" qui sévit encore au Maroc. Poste de "Moqaddem",

hérité de l'époque colonial où les collaborateurs informaient les colonisateurs et les gouverneurs sur les moindres détails du peuple pour le tenir d'une main de fer. Ce "Commissaire de quartier" comme on l'appelle d'une manière transparente dans les pays démocratiques comme la Belgique, dont la fonction est de vous visiter ou de demander à des voisins légalement pour s'assurer des informations déclarés par les citoyens à l'administration, lui correspondrait chez nous ce "Moqaddem" dont, la  tâche est de glaner des renseignements d'une manière informelle sur vous, par anticipation, avant que vous n'ayez même à déclarer ou à demander quoi que ce soit à l'administration, mais, au cas où vous auriez besoin d'un "certificat de résidence" par exemple. Tous les détails passent par lui, et sans qu'il ait un bureau bien défini dans les locaux de la mairie ou la commune, il tient toujours un crayon à la main pour gribouiller sur un papier avec sa signature une vérité sur votre requête que même le "Caïd", son chef direct, cet homme supposé culte, qui aurait étudié et qui se serait formé dans les administrations de l'État, à la gestion des affaires des citoyens et à la chose publique, ne peut réfuter, modifier, ou même adapter aux circonstances de la situation.  Quel contraste! Un "bergague", cette "Oreille" efficace et cet "Oeil", qui ne dort jamais, payé à l'enveloppe (à moins que l'on ait régularisé sa situation ces dernies temps!) et considéré minablement par l'Ordre, se voit détenir l'information qui peut tordre le bras aux supérieurs, quitte à briquer à son tour la fonction de "Chekh" chef des "Moqaddems". 

     Ainsi, en ces temps de chômage qui s'installe d'une manière persistante, une opportunité s'offre aux  incultes et à la racaille de la société, pour occuper un emploi, et qui, plus est, dans les sphères de l'"Autorité" 

   « Tu n’égalerais pas unetelle, qui, à peine écoute le nom d’une famille, est capable de te dire si à cette adresse on a reçu des invités le jour même ! » : on ironisera ainsi sur des ragots entre des jaseurs. 

    Il y en a même qui vous prennent vos heures de passage à côté, et qui ont le culot de vous le faire remarquer, indirectement soit-il, quand ils en ont l’occasion. « On dirait un chat ! Quand il passe le matin, règle ta montre, mets-toi à l’heure ! c’est vrai quoi! .. puisque je te le dis !» dira-t-on.

« Je le connais pas vraiment, j’aimerais tant le voir, le dévisager, je vous le jure, c’est le fils de mes voisins, on se connais nous ! mais lui.. ! j’en entend parler mais je n’arrive pas à l’imaginer ! ..Je suis honteuse !» Ainsi m’a surpris, une vielle dame de la maison voisine, une fois que je l’ai croisée chez nous, en présence de ma grande tante paternelle qui était de visite chez nous ce jour-là et qui lui demandait de « prier sur notre prophète en le voyant ! ». Comme je n’étais pas de ceux qui font des réunions au coin de la rue sur leur chemin, en sortant ou en rentrant chez eux, mais qui se contente seulement d’un « salut » ou un signe de tête de loin, culture oblige, je fais perdre les références à tous les curieux qui, quand ils entendent parler de moi, se sentent gênés à l’idée de ne pas me reconnaître physiquement. Tout le monde devrait connaître tout le monde du moins de vue si ce n’est personnellement.

 « Chômeur de luxe!», ainsi que j’étais présenté, un de ces semblables jours, par un professeur de français, un ex-voisin qui pensait bien faire –il faut le dire - à ses camarades, sans qu’il se rende compte que je n’avais pas le moindre centime sur moi aussi bien fringué que je paraissais, mais en faisant bien allusion à mon niveau d’étude. 

     « Diplôme de maîtrise –qu’il disait!- vous comprenez?

 Un diplôme d’université française, et qui chôme ! 

   Vous vous rendez compte? Un Chômeur de luxe ! »

Et moi, gêné, je ne savais comment le prendre et ne pensais qu’à déguerpir, le plus tôt possible car décidément on allait me montrer du doigt à chaque fois que je passerais par là et à chaque fois que je ferais mes balades dans les « passellos » de la grande avenue. Tellement la nouvelle se répand dans tout sens comme un gaz et tellement les terrasses des «cafés» se jouxtent à la manière d’une ville touristique mais à laquelle manquent les palmiers et la plage.

      Face à mon sort dans de pareilles situations et par peur d’être blessé dans mon amour propre par les interrogateurs et les fouinards, je me blessais moi même sans m’en rendre compte. Combien de fois je me suis privé de sortir et donc -qui sait ?- raté une occasion quelque part. Des fois je me repliais sur moi même en me posant d’interminables questions comme si j’étais envoûté par je ne sais quel démon jusqu’à imaginer que je ne m’en sortirais guère. Moi, qui ai eu toujours un moral de fer, je frôlais le découragement total parfois. Surtout en période de crise matérielle familiale, car en somme, mon bien être et mon moral de toujours je le devais à la condition de vie des miens. Ce sont eux qui m’ont épaulé depuis les premiers jours que j’ai réalisé que j’étais bel et bien tombé dans la gueule du loup, et que, subitement, la chance qu’on m’accordait avoir auparavant alors que j’étais étudiant et que je réussissais tant bien que mal, s’était évaporée. Comme si c’était des efforts consentis mais à crédit. « La chance est comme une baguette de pain, plus on en mange, moins il nous reste ! » : ainsi que je me disais en lançant tous azimut, à tort d’ailleurs mais pour me résigner à ce qui allait être ma situation dorénavant et pour digérer à l’avance ce qui devait arriver par la suite prévu comme pire. 

      En somme, en plus des obstacles naturels qui rendent difficile une recherche d’emploi, on se préparait déjà à l’échec ! Voilà que notre psychologie en prenait des coups aussi successifs au fil du temps et d’opportunités malencontreuses, qu’inconscients. L’on ne se rendait même pas compte tant que c’était son image qu’il fallait sauver, dés lors qu’on rejoignait la masse des gens en formulant des jugements tout faits  et tout préparés vis-à-vis de problèmes de société bien ancrés.