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les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

dimanche 7 novembre 2021

20 – Tant qu’il y a cet engrenage, l’injustice sociale perdure

     

Et moi, en essayant d’écrire, je me retrouve à dénoncer cet engrenage auquel je ne me suis pas adapté, il faut bien le reconnaître, et qui s’avère persistant et prospère tant qu’il y a toujours des gens qui ont faim et des laissés pour compte vivant à la marge de la société.

   Tant qu’il y a des ignorants.

   Hélas! Les gens cultivés ne vont pas à la rescousse des autres !

    Tant qu’il y a une race de gens –je ne dis pas citoyens, loin s’en faut!- sans dignité et qui se croient en raison de vendre leurs voix aux élections pour un morceau de pain, pour finir la construction de leurs habitats ou pour n’importe quels autres faveurs personnelles. Des élections déjà bien truquées mais quand même. Rien que le fait d’y participer. Le nombre d’inscrits dans les listes électorales et celui des votants comptent énormément, surtout pour l’image à l’extérieur. N’est-ce pas ?       

     Hélas! Les citoyens incorruptibles même pauvres, ils existent mais bafoués.

    Tant qu’il y a des affamés d’une place aux deux parlements allèchement rémunérée par ailleurs. Ces ambitieux, cadres de leur formation, avides de briguer des postes supérieurs et des ministères et qui ne peuvent arriver à leurs fin sans qu’ils soient assistés et soutenus financièrement par une bande de féodaux. Ces derniers, à leur tour, dans la majorité illettrés mais propriétaires d’immenses terrains arables hérités de l’époque coloniale, et de biens immobiliers ; ont trouvé dans l’exercice de la politique à la marocaine, en créant des partis et en achetant la conscience de pauvres gens dans le besoin lors des élections, le moyen de préserver leurs intérêts et plus encore d’accéder à une certaine immunité ou à se rapprocher du pouvoir.

    Hélas! Les politiques de bonne foi vivent parmi nous mais se font piéger par leur naïveté ou préfèrent se retirer sans dégâts dès les prémices d’une manigance jouée par leurs propres partis ou groupes politiques sinon par des lobbies malveillants.

    Tant qu’il y a des impunis et des graciés pourtant bien impliqués dans des détournement de fonds publiques.

     Hélas ! On emprisonne ceux qui dérobent des œufs ou des bricoles pour survivre et on les engraisse dans des geôles sans faire profiter la société de leur énergie ni les faire profiter d’une bonne éducation.

    Tant qu’il y a des opportunistes qui s’accrochent aux jupons du pouvoir pour se prémunir de rendre tout compte ou pour se permettre d’être au dessus de la loi.

    Hélas ! Les méritants doivent se ranger dans le troupeau condition sine quoi none, sinon ils ne peuvent se prévaloir d’aucune considération.

   Tant qu’il y a des leaders installés inébranlablement à la tête de leurs syndicats et partis. Pratiquant la démocratie interne à leurs manières –le choix du président non par suffrage mais par applaudissement par exemple! -, ils bloquent tout espoir d’évolution et de développement de la pratique syndicale ou politique.        

     Hélas ! Les citoyens vertueux même riches, ils existent mais indifférents.

     Tant qu’il y a d’un coté des chômeurs de leur vie d’exclus, et de l’autre, des fonctionnaires de leur vie de fantômes ! En effet on n’arrête pas de parler de « fonctionnaires fantômes » estimés en milliers dans diverses ministères mais sans jamais ouvrir le dossier pour de bon. D’ailleurs n’est-il pas ainsi qu’on ouvre et ferme les dossiers qui sentent l’escroquerie sans jamais parvenir aux instigateurs réels et sans même punir. C’est à peine si l’on prononce des noms, des brebis galeuses en sommes et des sacrifiés. 

   Hélas ! Des potentialités à l’âge de produire intensément et de participer activement à fortifier le produit national brut, se trouvent paradoxalement actives dans la rue à gaspiller leurs énergies dans les manifestations, les meetings, les discours et tout genre de militantisme heureusement encadrés par des associations ou des jeunesses de partis en ne désirant que participer de l’économie de leur pays au lieu d’être persécutés, dérangés, maltraités, emprisonnés et , ne l’oublions jamais, victimes dans leurs membres de plusieurs martyres mêmes et par-dessus le marché, harcelés et étiquetés par des services de l’État, visibles ou invisibles, avec tout les budgets qui s’en suivent. Quel gâchis !

     Moi, demandeur d’emploi que j’étais des années durant, vacillant entre un espoir effréné et un désespoir subit, entre une compréhension forcée de la situation et une candeur stupide entretenue par l’environnement proche, entre un sujet banal comme les autres faisant partie du troupeau et un chômeur avisé à qui cela arrivait au cours d’échappées belles, de se poser des questions, entre un diplômé universitaire et qui se préoccupait seulement de ses études et un militant associationniste enfin qui s’est forgé une identité avant d’ouvrir les yeux sur les clivages surtout politiques de sa propre société, je ne peux m’exposer dans ce récit sans penser aux martyres de ma race, morts à ma place pour avoir simplement osé manifester l’injustice en levant haut la voix et réclamer un droit constitutionnel, celui du travail en défiant le bourreau sur son terrain jusqu’à l’obliger à commettre l’impardonnable. Je leur suis reconnaissant toute ma vie.

   Tant qu’il y a des discours fanfarons de « Droit de l’Homme ». Alors que d’un coté on modernise des institutions démodées ou on en crée d’autres allant jusqu’à oser parler de la réconciliation nationale avec les exactions commises au passé, pendant les années de plomb, de sang ou de braises -comme on préfère dire–, réconciliation vivement protestée d’ailleurs sur la forme et le fond ; et de l’autre la matraque et la torture continuent de sévir d’actualité ! On n’en finit jamais car à l’heure où j’écris ces lignes j’apprends qu’en ces temps de soi-disant réconciliation, la torture continuait de plus belle !

  « Matraque moderniste et démocratique » : ainsi commentée ironiquement par une caricature illustrant une des manifestations organisée par un des groupes de docteurs chômeurs cette fois-ci.   

      Matraque à l’image du projet de société qui est le nôtre d’ailleurs.

     Tant qu’il y a une mentalité conservatrice comme celle qui perdure encore et toujours dans nos administrations d’autorité ou publiques. Intransigeante, elle reflète la robotisation de ses employés formés à lire dans la paperasse et non dans les Hommes.  Comment pourrait-on demander à un citoyen de présenter un certificat de vie le concernant personnellement, document administratif signé et déclarant qu’il est en vie, pour bénéficier d’un certain service administratif, alors qu’il est en chair et en os face à un fonctionnaire qui , en se fiant seulement à ses capacités de jugement intacts, pourrait le certifier, au lieu de bafouer la raison et la morale en faisant soumettre le dit employé à une bureaucratie qui le traite d’invalide et lui ôte toute son humanité ?

    Hélas ! Des requis continuent ça et là dans nos administrations qui nous ignorent en tant qu’entités humaines mais qui nous reconnaissent en tant qu’entité papetière.

   Tant qu’il y a cette injustice sociale entre un octroi de salaires pour des chanceux casés dans des postes, rétributions exorbitantes parfois qu’on ne veut même pas estimer ni préciser la fonction des hauts dignitaires qui les perçoivent, et tout ce qui s’en suit d’avantages sociaux aussi non équilibrés soient-il; et entre un laisser pour compte vis-à-vis d’autres, sans indemnisation aucune, et qui doivent s’affronter à leur sort, mendier à leurs proches, se débrouiller, guerroyer, se dépasser parfois voire s’entretuer entre eux pour survivre.  Ces autres chômeurs de leur vie, convertis en petits commerçants ou vendeurs ambulants plutôt, en artisans, en ouvriers et ouvrières. Sans statut ni loi. Sans organisation sociale ni assurance. Ouvrières bien masquées de leurs visages pour se protéger du soleil ou pour ne pas être reconnues comme « chmandriat » terme péjoratif qualifiant celles qui se pointent le matin de bonne heure, pour aller travailler dans les champs de betteraves à sucre, et encore quand la saison est pluviale. Tous ces autres qui, le jour où ils tombent malades n’ont qu’à épuiser dans leurs…misères !

     Ces « Bidoun » (équivalent de "sans emploi") dont le terme a rejoint la gamme des métiers au Maroc sans aucun scrupule d’ailleurs, puisqu’on le marque ainsi dans les cartes d’identité nationales (CIN) comme une profession. J’en ai vu, des cas similaires au cours de mon parcours lors d’une traversée dans certaines villes du Maroc, au cours d’un programme de statistique effectué par un institut sis à Rabat et qui devait se charger de faire ce projet pour le compte du ministère de l’habitat datant de 2005. Je faisais partie d’un groupe qui avait participé à cette tâche, dirigé par un superviseur de bonne foi paraissait-il, qui avait des contacts dans le milieu des étudiants et des syndicats et qui nous avait offert cette possibilité de travail quoique temporaire car allait durer seulement quelques mois. Cette expérience m’a permis de voyager un peu à l’intérieur du pays et de me rendre bien compte de pas mal de réalités dont j’aurais certainement l’occasion d’en parler dans ces récits. Pour l’instant, notre travail consistait à consulter les archives poussiéreuses dans les municipalités, des plans de construction, de répertorier les espaces des habitations, les superficies et les données des occupants ainsi que l’octroi des autorisations, et pour finir faire une visite sur le terrain pour corréler les informations recueillies. A vrai dire, tout laissait à penser qu’il s’agissait seulement d’une plaisanterie, un marché bidon passé sous le nez des contribuables car d’un côté je ne sentais en aucun cas du sérieux dans l’exécution du boulot (faire des statistiques et vérification sur place). On disposait d’une voiture avec chauffeur, on nous installait dans des hôtels bon marché, on nous payait le déjeuner et pour le reste il fallait compter chaque jour seulement la moitié de nos performances individuelles pour le paiement hebdomadaire, car notre travail supposait en principe une vérification ultime et ce n’est qu’à la fin du projet qu’on devrait compter sur la moitié restante de nos honoraires (pour ne pas dire salaire). Bien entendu pour ma part, j’avais laissé tomber ce boulot suspect car ça sentait la traine. Tout ce qui traîne est mauvais, parole de chômeur de longue date ! Ceci dit, j’en ai gardé un certificat de travail pour mon C.V., une petite expérience de vie, d’amusement et de plaisir, de découverte et de partage et bien sûr de malentendus et perte de temps. C’est alors qu’en feuilletant des archives que je tombais sur des professions reconnues comme « Bidoun ». Ces « Bidoun » payent des taxes puisque arrivent à acquérir un espace pour se construire une maison ou du moins un abri. Moralité : si d’un côté on essai de s’en sortir de sa situation de chômage avec les moyens du bord en montant n’importe quelle affaire qui ne peut être qu’informelle, de l’autre les autorités te reconnaissent dans ton informalité quitte à te faire payer des apports aux caisses de l’État comme étant des impôts alors qu’en réalité, sans statut formel et juridique la marge de la manipulation ou disons les choses telles qu’on devrait les appeler, la corruption bat son plein.

     Tant qu’il y a de la corruption...

    Et j’en passe. Les « tant qu’il y a», à les énumérer, j’ai bien peur de ne pas m’en sortir. Tellement j’en connais et j’en vois dans ma vie de tous les jours. 

   Les gens réussis dans le formel existent mais sont nettement minoritaires, il faut bien le préciser. Je ne parle que de la majorité du peuple hélas !

    Un constat pourtant bien commun à tous les pays dits sous-développés, mais associé à la réalité de nos pays dits arabo-musulmans, la soupe n’en ai que bigrement amère. Tellement l’analphabétisme et l’ignorance battent des records et la volonté du changement est quasi absente sauf dans les déclarations vernis. Remarque, je dis bien « les pays dits arabo-musulmans»! Il faut dorénavant bien le préciser en ces temps de mondialisation et d’éclatement des cultures. C’est plutôt difficile de s’en rendre compte à force de le dire à tout bout de champs. Il y a biens de concitoyens qui  se sentiraient blessés dans leurs identités autres qu’arabophones. Quoique nous, dans les limites de notre pays, nous sommes d’origine arabe ou amazigh, disons dans la majorité, des amazighs arabisés -ou toute autre identité non encore mentionnée-, et nous faisons partie de cette grand espace nord-africain et sud-méditerranéen.

   Je n’y peux rien si au cours de ma recherche interminable et fatigante d’un emploi, j’était continuellement confronté à des réalités face auxquelles l’on n’avait pas le choix : Soit s’y soumettre en suivant le courant, et là on demeure en perpétuel conflit avec soi même on a beau s’être réalisé professionnellement. Soit les refuser mais gare à soi si l’on se retrouve un jour sans situation professionnelle ni sociale. Or dans un cas comme dans l’autre, l’on se sentirait toujours sinon esseulé par soi-même, marginalisé et exclu par notre collectivité et notre milieu.

    Je n’y peux rien si, au cours de mon périple, faute de l’un, je me suis retrouvé dans l’autre. Par hasard ou par conviction, je ne saurais définitivement et clairement trancher.  

 

                                           

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