Lien sponsorisé : Guide des emplois à bord des navires de croisière

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les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

samedi 25 janvier 2020

12 - La corruption, ce mal qu'on a institutionnalisé

      Je vivais donc tranquille dans mon univers sans être gêné sauf par ma situation qui perdurait et je comprenais peu à peu ce que signifiait réellement le marché de l’emploi dans mon pays. Un marché à prendre ou à laisser ! Un marché que j’avais pourtant bien pris, contraint par le milieu et la famille bien souvent mais ou les miens avaient beaucoup perdu financièrement et moi, beaucoup gagné empiriquement. En payant de mon âge bien entendu. Jusqu’à ce que je me retrouve incapable de postuler pour n’importe quel job - ici ou ailleurs !- tellement la question de l’âge est de rigueur dans toutes les lois du travail. Eh oui ! Rentabilité économique oblige ! Qu’on le veuille ou non. Sauf dans les pays qui se respectent et où des institutions qui recrutent peuvent avoir recours au CV anonyme comme levier contre les inégalités de chance et d’opportunités.

   Avec donc cette nouvelle contrainte de l’âge, le chômage devenait bel et bien une infirmité !
Et voilà qu’en essayant de faire comme les autres je me retrouvais infirme ! 
Mais l’on entend souvent dire que l’ « on peut toujours vivre même avec une infirmité ». Un prétexte en tout cas que vous lancerait à tort et à travers au cours d’un « débat  social », un corrompu à qui profite le mode de vie établi et qui est, face à des auditeurs plus ou moins intéressés, paraît sûr de ses propos concluants. À moins que ce soit, et je le crains fort bien, une manière de voir implicite mais condamnable de nos décideurs politiques et responsables sociaux. Car depuis le temps que les problèmes apparaissent, se multiplient, se répètent ça et là, se répandent et persistent, le simple citoyen finit par les assimiler et les accepter comme des fatalités, désespéré qu’il est de tout remède ou amélioration. C’est ainsi que la corruption, pour ne citer que cet exemple bien représentatif et relatif, parmi tant d’autres, au fléau du chômage dans mon pays, est devenue monnaie courante à tel point qu’elle est considérée préférablement comme une capacité supplémentaire à résoudre voire des difficultés personnelles de la vie courante du citoyen. Heureusement qu’il existe des voix qui montent au podium et dénoncent. Des voix internes et externes surtout car la pression venant de l’étranger a toujours prévalu en tout cas chez nous, faute de quoi elle serait légitimée si elle ne l’est pas déjà d’une manière ou d’une autre.  

La corruption est devenue, par manque de programmes volontaristes de la part des dirigeants visant à lui faire la guerre, un vice dans la société marocaine. Et si on ne la combat pas et qu’on ne banalise pas cette lutte à travers tous les supports à la disposition de l’État tels les médias ou d’autres canaux, c’est qu’on la permet. On l’autorise. C’est indéniable. Pis encore. On encourage sa prolifération et sa pratique.

On dirait que les marocains se sentent désormais à l’aise avec ce mode de vie « corruptionnel ». Ils s’accommoderaient dans ce genre de vie « mercantile ». Dans ce « souk » informel, des tarifs se fixent naturellement comme celles des marchés officiels, ouverts et soumis aux lois de la demande, de l’offre et des paramètres politiques. Ainsi, parlant du « marché de l’emploi », des postes dans les sphères où justement la corruption est de mise, coûtent plus cher. Un emploi dans la gendarmerie, à titre d’exemple,  vaut bien sûr plus qu’un autre dans la police. Le champ du travail du premier est beaucoup plus vaste et à plusieurs niveaux si l’on considère les avantages sociaux qui s’y rattachent comme le loyer, les déplacements et les régions d’affectation. De plus, dans ce secteur, la demande est plus grande et l’offre aussi vue le côté politique « sécuritaire » de l’État même.

Photo: La vie éco
Dans le même sens, quelques « baqchiches » donnés à un certain fonctionnaire municipal ou à un « chaouch » pour détourner la queue des autres citoyens venant pour la même besogne, n’égalerait pas « un gros billet » que vous concéderiez à un autre personnage de la chose publique tel un « moqaddem » contre la délivrance d’un « constat écrit à la main par ce pion de l’autorité » vous qualifiant à obtenir un certificat d’habitat ou de logement.
Parler de la corruption au Maroc, on peut y exceller. On pourrait même en philosopher si seulement la circonstance s’y prêtait.

 On croit s’en sortir en achetant les autres (nécessiteux de toute façon !), sans nous rendre compte qu’on fait partie du même engrenage.
    La concurrence dans sa pratique bat son plein surtout quand il s’agit de briguer un avantage aussi important et bénéfique que le montant mis en jeu est exagéré. On se vantera : « Ouf ! je vous dis pas, combien  ça m’a coûté de le caser dans ce poste ! mon petit. Imagine ! .. Les yeux de la tête ! Mais tu lui achètes son avenir, sa retraite, un souci de moins, mais quel souci ! .. ça me console ! » dira un père soucieux qui vous gonflera le montant de son « investissement paternel» mais qui ne vous divulguera jamais de tuyaux. Il se le garde pour lui-même, pour de futurs nécessités ou pour ses intimes. Et ça devient compréhensible. On le félicitera et prendra comme exemple. « Un bon père, au moins il a réussi à sauver son fils ! » on jasera.
     Ce fléau, a évoluée en une « perversion » culturelle. Tellement la corruption est devenue un art de faire. Non seulement on doit savoir avec qui traiter, à qui s’adresser, sinon comment le faire sans éveiller les convoitises.
   Pour l’anecdote, je vous raconte une petite expérience où je me suis acquitté d’une tâche vis-à-vis d’un ami de la famille (en lui donnant seulement un conseil), résident à l’étranger et venant passer, comme il est de coutume chez nos compatriotes expatriés en Europe, ses vacances dans sa villa dans un des quartiers plus « chics » de la petite ville. Comme il s’apprêtait à fêter la circoncision de son fils, il avait pour l’occasion, planté « la khaîma » devant sa villa dans un parc en face. On avait bien entendu tout préparé techniquement y compris l’alimentation en câble électrique depuis chez lui. Le soir venu et comme par hasard, coupure d’électricité dans tout le quartier ! Heureusement que l’incident, on s’en est aperçu plus tôt dans la soirée ce qui aurait laissé le temps de trouver des alternatives pour l’éclairage de la réception. Une première réclamation à l’agence électrique de la ville, ne résout pas le problème sous prétexte que c’était un week-end, qu’il faudrait attendre, que la situation reviendrait normale un peu plutard et qu’il faudrait juste un peu de patience. En réalité, les gens avisés du quartier lui ont conseillé d’aller « voir » directement avec celui qui était astreinte dans le service et… qu’en fait, ça arrivait souvent des incidents pareils en été, à l’époque de la rentrée de nos travailleurs immigrés assoiffés de vivre des moments d’amusement avec leurs familles et amis à la moindre occasion. Le hic, une fois compris le détail, notre monsieur qui vit à l’étranger se voit confronter à « voir avec un fonctionnaire.. »  

Photo: EcoActu

Un terme qu’il aurait oublié et que lui, il ne saurait comment s’y prendre. Devant sa confusion, il me fallait bien l’accompagner en lui proposant de plier un billet en quatre dans la main avec laquelle il salue le mec en lui avançant « ça va Simohammed, s’il te plaît !! là où il y a la coupure d’électricité, j’ai malheureusement une circoncision et je te dis pas… les préparatifs, imagine les femmes à la lumières des bougies préparer les poulets !... tu sais ! Je t’en prie si tu pourrais un peu accélérer les choses, je t’en serais reconnaissant.. » Et ça marche avec un peu d’humour ou de conversation menant aux « douards » avoisinants et à évoquer les origines en se tapant sur les épaules! Cerise sur le gâteau, la supplication et (le conditionnel ). 
    L’acte de corrompre doit être dissout dans la conversation et l’échange. On se crée une sympathisation pour donner plus de confiance à celui qui reçoit. Pour le réconforter dans sa hantise. On ne reconnaît pas le fait. Tous ensemble on a beau le perpétrer. Cela devient facultatif. « Normal » !.
    Y’aurait-il mieux que l’adage qu’on fait répandre, sans innocence d’ailleurs et tous azimut, et qui, malgré son côté ironique fait ancrer d’avantage cette maladie dans notre société. Ne racontons pas qu’à une doléance faite au chef suprême qui est à la tête de la pyramide de l'autorité de l’État, réclamant l'éradication de cette pratique, il aurait répondu : « Chiche ! Mais vous seriez prêt à parier combien ? »
     Le catastrophique dans l’affaire et qu’autant tout le monde le sait, autant tous le font.
Enfin la corruption, semble être, en quelque sorte, institutionnalisée et je laisserais les psychologues et anthropologues en disséquer les composantes et analyser les pratiques dans la société marocaine.


Dans le même thème :
                                  la corruption au Maroc : une raison culturelle ?  (Libre Afrique)
                                  La corruption au Maroc reste « endémique » (Le monde Afrique)


vendredi 17 janvier 2020

11 - Fréquenter "El qah'wa" ou le "Café" dans la culture marocaine

      La culture du « café » est telle que chaque habitué devrait avoir le sien. Être connu pour faire partie des clients d’un café appelé tel ou tel. Ainsi la famille et les amis (et qui sais-je d’autres ?) ont une référence. « Untel ? Il fréquente le café Tel ! » Je dirais même, dans notre culture locale : « dites-moi quel « café » vous fréquentez je vous dis quelles gens vous côtoyez et donc qui vous êtes »

Photo: Expert Maroc

  Le « café » s’il est un lieu pour se rencontrer entre amis, pour bavarder, commenter, discuter et même faire des affaires, c’est malheureusement aussi et par la force des choses, un lieu pour tendre les oreilles et écouter, pour jaser, moucharder ou tout simplement par curiosité maladive. Et les clients des salons intérieurs sont totalement différents de ceux qui occupent les terrasses. Autant les premiers s’occupent entre eux et s’adonnent à ce qui les intéresse et les préoccupe sans se mêler des affaires des autres, autant les deuxièmes se montrent curieux et indiscrets. Il suffit de voir commet sont  disposés en lignes parallèles les chaises et les tables le long de la terrasse de nos « cafés », donnant dos à la façade du bâtiment et regardant en face la rue, pour se faire une idée. Sur les esplanades de nos cafés on observe, on guette, on épie, pas seulement les passants et passantes mais tout y passe. Pas question de s’asseoir autour de la table  fut-ce un groupe d’amis. La terrasse n’est pas faite pour ça !

      Les « cafés » ont poussé comme des champignons au Maroc et dans tous les quartiers car cela s’avère un bon investissement pour les uns et une aubaine pour nos jeunes sans travail ou nos étudiants aussi. C’est tout de même une idée ingénieuse qui d’un côté, si elle exploite une proportion pas mal d’habitants qui disposent suffisamment de temps oisif à ne rien produire d’importance matérielle, de l’autre, elle a permis à des milliers de personnes d’en faire un espace de passe-temps, de réflexion, d’échange et de divertissement à bas prix et d’alternative à d’autres types d’attroupements dans les coins des rues où ça sent la drogue et la délinquance sans contrôle.

 Photo: Bladi.net
Le « café » reste un lieu d’habitude que vous, chômeur de votre situation, vous vous créez pour avoir l’illusion de faire quelque chose d’important. Pour votre clique d’amis et compagnons, vous l’êtes. Un jour inhabituel parce que vous étiez occupé ou devriez vous décharger d’une tâche, ou passée une journée chargée pour un motif quelconque, et vous vous stressez car vous n’aviez pas eu le temps de faire un saut au « café ».
    A ce propos et pour l’anecdote, une fois j’ai été présenté à un étranger, français de nationalité et qui, venant de Rabat la capitale, était en visite de travail dans notre petite ville quelques jours car il était en collaboration au Maroc. Il n’a pas caché son choc de voir et d’écouter des gens qui se plaignent de non-travail alors qu’« ’ils continuent à dépenser de l’argent passant leur temps dans les cafés » dit-il. Du reste c’est une remarque habituelle des touristes à qui on explique mal la situation à écouter certains guides ! Commentaire auquel j’avais répliqué par une question : « Qu’attendez-vous de quelqu’un dans notre situation ? » Il aurait préféré semble-t-il, comme ils l’auraient pensé plusieurs idiots de notre société, « qu’ils s’enferment chez eux ?». Le « Café », de ce fait est au Maroc un espace de se défouler faute de s’asphyxier pour les raisons connues et tues, une salle qui met en attente tous les espoirs par contraste. Un lieu où on peut trouver la perle rare : celle qui vous permet de tomber sur un courtier de l’emploi, sur un intermédiaire pour un visa ou sur, le cas le plus heureux, un ex-ami qui vient vous passer le tuyau et vous donner le coup de main dont vous avez besoin.
   Le « café » c’est tout cela à la fois. 
    Alors, qu’espérer d’un jeune vivant dans une petite ville, et qui plus est, diplômé universitaire, à la recherche d’un travail pas facile à trouver sinon dans une grande ville où le voyage coûterait des centaines de dirhams sans parler des subsistances qui vont avec dans sa démarche ; sinon qu’il aille au « café » : là où les informations s’échangent aussi, là où on peut accéder aux annonces des journaux (quoique fausses par moments, publiées seulement pour la loi ou pour maquiller les embauches frauduleux et des faux concours ou entretiens!).

 Alamy Banque D'Images
Au Maroc, donc le « café » est un espace privilégié. Un domicile collectif et secondaire. Un coin qui procure à ses clients une certaine renommée, une catégorisation au sein de la société. Vous êtes connu, tous savent qui vous êtes et au chômage, mais vous êtes respectés. Un espace où tous les types se côtoient pourvu que le respect soit mutuel. Les fonctionnaires, les étudiants, les chômeurs, les commerçants et vendeurs ambulants, les artisans et les métiers divers. Sans oublier la part des réunions informelles pour tout type de groupe : associations, partis politiques, et mêmes des services de renseignements et j’en passe.

    Le « café » nous conditionne aussi. J’attendais le moment propice de l’arrivée du café posé sur la table par l’ami serveur pour allumer ma cigarette à l’époque où je fumais.

   Au « café » pour qu’il jette sa souffrance et ses déboires.

Dans le même thème : ouvrir un café, une affaire des plus rentables ? 


samedi 4 janvier 2020

10 - Les alternatives d'un chômeur marocain

         Faire comme les autres je n’y arrivais pas.
       À vrai dire ça ne me réussissait pas, j’avais beau essayé.
     Ou alors que l’on m’ôte mon esprit. Que l’on me formate les idées. Que l’on me forme à nouveau ou que l’on m’accorde une autre vie où je n’irais pas plus loin que le collège, sinon pour faire un chauffeur de petit taxi, circulant sans répit le long de la journée pour pouvoir payer le prix de la location de l’ « agrément », cette autorisation spéciale de rente octroyée par les autorités supérieures à des privilégiés qui ne le méritent pas la plupart des cas et dont l’attribution ne répond à aucun critère administratif ou légal et dont les bénéficiaires ne l’exploitent pas eux même sinon les louent à leur tour à des investisseurs qui monopolisent le marché du transport des petits-taxis; pour être instituteur dans l’enseignement primaire affecté dans un bled perdu ou un village isolée dans une montagne ou un désert, difficile d’accès et sans eau ni électricité et encore moins de logement ; sinon enfin pour vendre des fruits et desserts aux coins des rues sur des chariots tirés à la main à l’image des marchands ambulants ou des « ferrachas » qui vendent par terre des misères : une conséquence flagrante et bien significative du développement des métiers dans mon pays : des pratiques qui servaient en réalité de moyen de vie autrefois pour des gens qui venaient de la campagne ou qui n’avaient jamais été à l’école, sont devenues actuellement des métiers communs puisque les chômeurs s’y sont ajoutés et les diplômés aussi, piégés par un mariage précoce ou contraints de faire nourrir des parents démunis et qui sont tombés à leurs charges.
       Décidément c’est moi qui m’adapte peut-être mal à ma société !
    Ou alors je me complaisais bien dans mon cercle familial compréhensif et dans mon univers personnel ou je m’adaptais le mieux et d’où j’observais le reste du monde. D’où je suivais le court du temps, je réfléchissais, je discutais avec les autres, je méditais aussi mon cas, j’essayais de me comprendre, discerner la situation et comprendre les autres et je continuais à espérer.
Toujours espérer.
Surtout espérer.
Se morfondre dans l’espoir. Jusqu’à ce qu’on me fasse remarquer un jour que j’ai un cheveu blanc sur le temple droit ! Et toc ! jamais je n’avais pensé auparavant que moi, j’aurais des cheveux blancs. Hérédité oblige puisque j’en voyais mon père dépourvu à l’âge qu’il avait. Je me réveille donc et réalise que le temps m’a volé. Que je m’étais volé mon temps moi même car j’étais incapable de raisonner cet espoir effréné.
      Mais bien souvent, il faut le dire, au début de mon calvaire, au temps ou je dégustais l’apéritif et alors que je ne parvenais pas encore à réaliser ce qu’allait être ce temps perdu, alors je me laissais emporter, m’illusionnant que mon tour viendrait un jour et que je parviendrais bien à décrocher un emploi digne de ma formation supérieure ou du moins un poste rémunéré décemment. Alors, à chaque fois que l’occasion se présentait, je picolais avec les copains en plein air sur la colline avoisinante et dominante à la sortie de la ville, les après-midis du dimanche en suivant le reportage des matchs de foot à la radio sur lesquels on aurait parié, et en finissant la soirée dans un des cafés du boulevard populaire pour rentrer, chacun chez soi (chez ses parents je veux dire !) aussi discrètement que des adolescents ayant peur d’être grondés parce qu’ils rentrent tard ou parce qu’ils sentent le vin ou la cigarette. Seulement ce qui se passait un dimanche devait être systématique au fil des jours. Aussi souvent que l’argent de poche le permettait. Et sinon on se contentait d’une table dans un café bien choisi pour passer le temps à lire les journaux et les éventuelles annonces d’emploi ou à jouer aux mots fléchés et parfois aux cartes et au « rami » en attendant des jours qui chantent.

Photo: Aujourd'hui le Maroc
D’ailleurs jouer aux mots fléchés est devenu un hobby bien prisé dans les terrasses des cafés au Maroc, au plus grand bonheur des vendeurs des cigarettes au détail, ces jeunes enfants qui font faire des copies des grilles dans les journaux quotidiens en arabe et en français et les revendent en même temps que les cigarettes pour augmenter leur rentrée d’argent quotidienne. Ces mêmes jeunes, à défaut de « capital » parfois se convertissent en cireurs déambulant entre les terrasses des cafés en toutes saisons. Et ainsi de suite jusqu’à faire du café notre « quartier général », tellement on y est à l’aise, et notre moyen de rencontre et d’ouverture sur le monde, local surtout.

 La « qahwa » dans la culture populaire, chez nous, a pris une autre dimension que celle d’un site pour prendre un café, un thé, un jus ou autre, ou pour se reposer un instant, le temps d’une cigarette ou d’attendre l’ouverture d’une administration par exemple, d’un rendez-vous ou d’un digestif après un bon repas. L’évolution naturelle de la société marocaine a fait du « café » a priori un espace de passe-temps par excellence. Le prix d’un petit café « cassé » , « crème », « nos-nos», « capo », etc. vous donne le droit d’y passer toute une mi-journée, et – n’en parlons pas -  si vous habitez dans le coin car vous pouvez y rester tout le temps, vue la « sympathisation (si je puis écrire !) » avec tout le personnel, les gars du comptoir, les serveurs et mêmes les patrons. Au fait le « café » est devenu même un lieu d’importance socio-culturelle non déclarée, qui, à force de le fréquenter à lui seul, un sociologue ou enquêteur aurait la tâche facile s’il s’attaque à étudier la société marocaine et bien l’illustrer.  
Fréquenter d’autres lieux pourrait ne pas être à la portée du pouvoir d’achat des gens. Et vue la structure sociale de la famille marocaine où beaucoup de personnes partagent des petites chambres, les hommes et les garçons cèdent l’espace et le temps à l’intérieur de l’habitation, aux femmes et aux sœurs, en se camouflant dans un espace collectif fait essentiellement d’hommes qui est le « café » du coin. Ainsi est-il facile de les retrouver si on les  cherche pour une besogne. Rares sont ceux qui ne pensent pas passer au « café » en allant au boulot ou en en revenant surtout dans le cas des fonctionnaires, qui profitent même pour y faire un petit saut le temps d’une petite pause. On en profite pour voir la clique de nos copains et ce qu’ils racontent. On s’y informe. On y passe des tuyaux. On rencontre ceux qu’on cherche, des artisans par exemple, qui font du café leur référence professionnelle. Les retraités aussi s’y retrouvent pour jouer aux cartes ou aux dominos et nos chers maîtres enseignants qui constituent à eux seuls un stéréotype bien connu de ceux qui cotisent pour commander une théière pour tous autour de laquelle ils se mettent à plusieurs.