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Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

lundi 27 novembre 2023

26 - Fasciné par « la Manifestation » et le « Sit-in »

        De chômeur de ma condition de vie j’allais, au cours de mon évolution personnelle, devenir chômeur de mon pays ou de mon État, le jour où j'ai découvert des semblables à moi.

      Aussi tardivement que mon adhésion à l’association ANDCM ne date que de juin 1999, mais fort heureusement car dorénavant je ne devais plus être seul. C’est moi qui leur suis semblable, car c’est moi qui les ai dénichés et suivi leur mouvement au niveau national ainsi que le débat politique et social qu’ils faisaient engager au sein de la société avec toutes ses composantes. Des semblables à bien des égards. Leur génération ayant suivi la mienne, a subit les conséquences directes du fameux plan de restructuration de l’économie nationale, alors qu’il était à son apogée. Ce plan qui devait faire adapter –disait-on- nos lois économiques à celles du marché international. En quelque sorte participer à ce nouvel ordre mondial déferlant, appelé «mondialisation» plutôt que de le subir. Alors, progressivement mais sûrement les lois de finance allaient être remodelées et parallèlement des postes dans les administrations publiques allaient être supprimés. 

        Mais en conséquence, qu’avait-on légiféré d’alternatives pour récupérer ces postes autre part que de les laisser à l’affront de leur destin ? Rien ! Parce qu’on a tenu compte des chiffres et l’on a oublié les hommes. Au moins on se serait donné un temps d’adaptation suffisant à l’État pour qu’elle ait un nouveau mode de calcul, de redistribution de budgets et de révisions des impôts de la manière la plus juste et équitable. Et aux futurs lauréats des universités et instituts, pour une nouvelle planification de leur avenir professionnelle ou une réorientation ou même recyclage.

       C’est d’autant plus vrai que je me sens, moi chômeur de longue date confronté au marché de l’emploi à partir de 1989, que j’ai été pris de vitesse. A double reprise en plus. Car, les privatisations qui allaient suivre après, donnèrent le coup de grâce. Alors tout recyclage ou réorientation vers le domaine privé devinrent utopiques. Tellement on m’a volé mon temps. Le mien, celui de ma génération et celui de mes semblables aussi.

      Mais n’est-il pas plutôt naïf que de se poser une telle question et de se livrer à un tel résonnement ?

    Sachant que nos hommes à l’exécutif sont dans la majorité soit des cadres de formation nommés d’office –technocrates comme on dit-, soit des cadres convertis en politiciens ayant pris la couleur d’un des partis politiques présents sur l'échiquier depuis l'époque d'avant, pendant ou après "l'indépendance " ou simplement créés par l'administration du "Makhzen", pour se faire adjuger un ministère, après s’être introduit, frauduleusement et contre la volonté des votants au cours d’élections traficotées, au parlement et faire partie de la majorité. Et dire ainsi qu’on pratique la démocratie. La démocratie aux ingrédients marocains! Quel vernis !

      Seulement moi j’étais lent à comprendre et à réagir.

      Mes semblables par contre, bien brassés à l’université de leur pays, et dans l’incapacité morale et matériel de se réorienter, ils n’avaient d’autres choix que de réclamer ouvertement leur droit légitime et constitutionnel, au travail. En s’organisant dans le cadre de la loi en vigueur et en organisant des «sit-in» quand il le fallait.

      Déjà la «manifestation» en elle même telle qu’elle est organisée, ce spectacle d’hommes et de femmes, de banderoles, de gestes harmonisés des mains, de slogans bien rimés, était autant extraordinaire pour les simples citoyens qui ne sont pas habitués -à part bien sur les 1ers mai mais là c’est différent!- que pour moi chômeur de ma vie encore incapable de sauter cet obstacle psychologique qui me plombait.

      Le «sit-in». 

     On aurait dit une nouvelle culture au Maroc, du moins pour moi.

      Comme si c’était précisément la manifestation en elle même qui me fascinait. Je l’avoue volontiers, je n’avais jamais vu auparavant un spectacle pareil, du moins avant que je ne voyage en France pour continuer mes études supérieures. Ce dont je me rappelle par contre c’était les défilés folkloriques à l’occasion de fêtes publiques et nationales.  Ou sinon, les jours où on nous sortait des classes, très jeunes que nous étions, petits drapeaux à la main et en cadençant des chants bien rimés, pour assister au passage du roi pour une occasion d’inauguration importante ou pour une tournée habituelle : Les majorettes et les couleurs, les tambours et la musique harmonique, les photos et les drapeaux, les cortèges et les sirènes, les hommes en uniformes, les barrières de fer et la foule. Le soleil et la poussière, la soif et la fatigue car on passait presque toute la journée debout sinon à nous déplacer d’une manière très restreinte. Personne ne savait à quelle heure se produirait l’événement attendu. De temps à autres passaient des petits cortèges de voitures de luxe et tout de suite les cris habitués de la masse,  qui scandaient à très haute voix et spontanément « Vive le roi » pensant qu’il y était, alors qu’il s’agissait seulement de simulation ou de voitures d’organisateurs qui se déplaçaient toujours à l’avance pour les préparatifs et pour les besoins sécuritaires, au cas où... Une fois mis au parfum de l’approche du moment fatidique, alors personne ne pouvait couper la rue. Reste là où tu es, tu as beau être malade, tu as faim ou  tout simplement tu es près de chez toi et tu voudrais rentrer. Même pour une urgence ou pour le passage d’une ambulance, personne n’avait le droit de traverser tant que l’ordre n’ait pas été donné. D’ailleurs le spectacle était aussi contrôlé du ciel par des hélicoptères allant et revenant avec leur bruit assourdissant surtout quand ils s'approchaient des foules, et plus la fréquence des vols montait plus l'heure de la grâce s’approchait. De tels jours, on assistait généralement à une maltraitance des agents d’autorité de tout genre, avec uniforme ou civils, excités par la circonstance et autorisés implicitement à abuser de tous les pouvoir tant qu’il n’y aurait pas d’incidents au moment crucial, celui du passage éclair du personnage principal, celui dont de grandes photos sillonnaient d’ailleurs toutes les grandes artères de la ville par où il était sensé passé. Les sorties des écoliers, collégiens et lycéens accompagnés de leurs professeurs aussi bien organisées au début, manquaient peu à peu de fraîcheur, les longs moments d’attente obligeaient de part et d’autre de l’avenue. A la fin du calvaire, c’est le sauve qui peut qui l’emportait.  Et sur le chemin, de la rentrée chez soi pour les habitants ou du rangement du matériel pour les autorités qui ne voyaient pas leur boulot terminé, on commentait le miracle : « il portait une djellaba zitiya et le tarbouche national, tu l’a vu ? » ou « Je n’en croyais pas mes yeux, il m’a semblé plus bronzé que lorsqu’on le voit à la télé non ? » ou « Non, celui qui tu as aperçu ce n’était pas lui, lui il était dans la Mercedes assis dans la banquette arrière, faisant des geste de la main ! Bien fatigué le pauvre !»

    Je ne parle pas des braves gens qu’on faisait amener depuis les patelins voisins et la campagne dans des camions remorques ou des chariots de tracteurs et qui devaient, à défaut d’avoir de la famille en ville, se débrouiller avec leurs propres moyens pour retourner chez eux sans que personne ne s’inquiète de leur sort, s’ils avaient à manger et à boire ou non.

   Mais, là,  le « sit-in » des manifestants, lui, c’est différent.

 

                                                            A suivre ...