Le Maroc a récemment publié les résultats du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) 2024, révélant un taux de chômage national de 21,3 %, en hausse par rapport aux 16,2 % enregistrés en 2014.
Le taux d'activité des personnes âgées de 15 ans et plus a diminué, passant de 47,6 % en 2014 à 41,6 % en 2024. Cette baisse est plus marquée chez les femmes, dont le taux est passé de 20,4 % à 16,8 %, et chez les hommes, de 75,5 % à 67,1 %.
Analyse et commentaires
L'augmentation du taux de chômage au Maroc, en particulier parmi les jeunes, les femmes et les diplômés, souligne des défis structurels persistants. Les disparités régionales et démographiques nécessitent des politiques ciblées pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes, promouvoir l'égalité des sexes et adapter les formations aux besoins du marché du travail. De plus, la vulnérabilité du secteur agricole aux aléas climatiques met en évidence la nécessité de stratégies de diversification économique et de résilience face aux changements climatiques.
.. Et la récession de la croissance de la population ?
Le recensement 2024 du Maroc met en évidence une récession notable de la croissance démographique, un phénomène qui mérite une analyse approfondie. En effet, le taux de croissance de la population a considérablement ralenti ces dernières années, passant de 1,7% par an dans les années 1990 à seulement 1% par an en 2024. Cette tendance est significative et comporte plusieurs implications pour le pays.
Facteurs de la récession démographique :
Baisse du taux de fécondité :
- Le taux de fécondité est désormais de 2,2 enfants par femme, un chiffre qui reste en dessous du seuil de renouvellement des générations (environ 2,5 enfants). Cela traduit une baisse de la natalité, alimentée par des facteurs comme l'amélioration de l'éducation des femmes, l'accès plus large à la contraception, et des choix de vie plus orientés vers des carrières professionnelles et un développement personnel.
Vieillissement de la population :
- La population marocaine devient de plus en plus vieillissante. En 2024, la proportion de la population âgée de 60 ans ou plus représente 10% de la population totale, et ce chiffre continue d'augmenter. Cela a des conséquences importantes sur les politiques de santé, de retraite, et de soutien social.
Migration :
- Une partie de la stagnation démographique peut être attribuée à l'émigration des jeunes Marocains, qui cherchent des opportunités à l'étranger, notamment en Europe. Cette émigration entraîne une baisse de la population active disponible dans le pays, bien qu'elle allège également la pression sur les services publics et le marché du travail.
Conséquences économiques et sociales :
Impact sur le marché du travail :
- La récession démographique, couplée à une réduction du taux de natalité, peut entraîner un vieillissement de la population active. Cela crée un déséquilibre entre la part des actifs et des retraités, avec des conséquences sur la pression fiscale et les systèmes de pension. Les jeunes deviennent de plus en plus rares sur le marché du travail, ce qui pourrait aggraver le chômage et rendre plus difficile l'insertion des jeunes diplômés.
Enjeux pour le développement économique :
- Une population en stagnation ou en légère décroissance peut entraîner une réduction de la demande intérieure. Cela pourrait limiter la croissance économique, surtout si la consommation interne, qui dépend largement de la population active et du revenu des ménages, se contracte. À l'inverse, une diminution de la population pourrait aussi libérer des ressources pour l’amélioration des infrastructures et des services publics, si la gestion économique est bien orchestrée.
Pression sur les systèmes de santé et de retraite :
- L'augmentation de la population âgée fait naître de nouveaux défis pour les systèmes de santé, de soins de longue durée, et les politiques sociales. Le Maroc devra s'adapter pour répondre aux besoins croissants des personnes âgées, tout en maintenant un équilibre entre les générations pour ne pas surcharger les jeunes travailleurs, notamment en matière de retraites et de services de santé.
Réflexions et recommandations :
Favoriser l'intégration des jeunes dans le marché du travail :
- Il est crucial de mettre en place des politiques qui facilitent l'accès à l'emploi pour les jeunes, et ce, dans des secteurs innovants comme les technologies de l'information, l'agriculture durable et l'industrie verte.
Réformes du système de retraite et de santé :
- Le Maroc devra adapter ses systèmes de retraite et de santé pour faire face à l'augmentation des personnes âgées tout en s'assurant que les jeunes actifs ne soient pas accablés par des cotisations excessives.
Encourager la natalité tout en soutenant les politiques familiales :
- Bien que la baisse de la natalité puisse être considérée comme un signe de développement, il pourrait être judicieux de soutenir certaines politiques familiales pour encourager un équilibre démographique, en particulier en ce qui concerne les jeunes couples et l'accès à des services de garde d'enfants de qualité.
En somme, la récession de l'accroissement démographique au Maroc est un phénomène multidimensionnel, porteur de défis mais aussi d'opportunités pour repenser les politiques sociales, économiques et environnementales du pays.
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