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les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

lundi 27 novembre 2023

26 - Fasciné par « la Manifestation » et le « Sit-in »

        De chômeur de ma condition de vie j’allais, au cours de mon évolution personnelle, devenir chômeur de mon pays ou de mon État, le jour où j'ai découvert des semblables à moi.

      Aussi tardivement que mon adhésion à l’association ANDCM ne date que de juin 1999, mais fort heureusement car dorénavant je ne devais plus être seul. C’est moi qui leur suis semblable, car c’est moi qui les ai dénichés et suivi leur mouvement au niveau national ainsi que le débat politique et social qu’ils faisaient engager au sein de la société avec toutes ses composantes. Des semblables à bien des égards. Leur génération ayant suivi la mienne, a subi les conséquences directes du fameux plan de restructuration de l’économie nationale, alors qu’il était à son apogée. Ce plan qui devait faire adapter –disait-on- nos lois économiques à celles du marché international. En quelque sorte, participer à ce nouvel ordre mondial déferlant, appelé « mondialisation » plutôt que de le subir. Alors, progressivement mais sûrement les lois de finance allaient être remodelées et parallèlement des postes dans les administrations publiques allaient être supprimés. 

        Mais en conséquence, qu’avait-on légiféré d’alternatives pour récupérer ces postes autre part que de les laisser à l’affront de leur destin ?

        Rien !

     Parce qu’on a tenu compte des chiffres et l’on a oublié les hommes. Au moins on se serait donné un temps d’adaptation suffisant à l’État pour qu’elle ait un nouveau mode de calcul, de redistribution de budgets et de révisions des impôts de la manière la plus juste et équitable. Et aux futurs lauréats des universités et instituts, pour une nouvelle planification de leur avenir professionnelle ou une réorientation ou même recyclage.

       C’est d’autant plus vrai que je me sens, moi chômeur de longue date confronté au marché de l’emploi à partir de 1989, que j’ai été pris de vitesse. A double reprise en plus. Car, les privatisations qui allaient suivre après, donnèrent le coup de grâce. Alors tout recyclage ou réorientation vers le domaine privé devinrent utopiques. Tellement on m’a volé mon temps. Le mien, celui de ma génération et celui de mes semblables aussi.

      Mais n’est-il pas plutôt naïf que de se poser une telle question et de se livrer à un tel résonnement ?

    Sachant que nos hommes à l’exécutif sont dans la majorité soit des cadres de formation nommés d’office –technocrates comme on dit-, soit des cadres convertis en politiciens ayant pris la couleur d’un des partis politiques présents sur l'échiquier depuis l'époque d'avant, pendant ou après "l'indépendance " ou simplement créés par l'administration du "Makhzen", pour se faire adjuger un ministère, après s’être introduit, frauduleusement et contre la volonté des votants au cours d’élections traficotées, au parlement et faire partie de la majorité. Et dire ainsi qu’on pratique la démocratie.

      La démocratie aux ingrédients marocains ! Quel vernis !

      Seulement moi j’étais lent à comprendre et à réagir.

      Mes semblables par contre, bien brassés à l’université de leur pays, et dans l’incapacité morale et matériel de se réorienter, ils n’avaient d’autres choix que de réclamer ouvertement leur droit légitime et constitutionnel, au travail. En s’organisant dans le cadre de la loi en vigueur et en organisant des «sit-in» quand il le fallait.

      Déjà la « manifestation » en elle-même telle qu’elle est organisée, ce spectacle d’hommes et de femmes, de banderoles, de gestes harmonisés des mains, de slogans bien rimés, était autant extraordinaire pour les simples citoyens qui ne sont pas habitués -à part bien sur les 1ers mai, mais là c’est différent ! - que pour moi chômeur de ma vie encore incapable de sauter cet obstacle psychologique qui me plombait.

    La manifestation, souvent abrégée par le terme "manif", qui fait référence à une expression publique et collective d'opinions, de revendications ou de protestations se définit comme un rassemblement de personnes dans un lieu public, tel qu'une rue, une place, ou devant un bâtiment officiel, pour exprimer de manière visible et audible leur mécontentement, leurs revendications, ou leur soutien à une cause spécifique. Les manifestations peuvent prendre diverses formes, notamment des marches, des rassemblements statiques, des « sit-in », des grèves, des défilés, etc. Elles sont souvent organisées pour attirer l'attention sur des questions politiques, sociales, économiques, environnementales, ou d'autres sujets qui suscitent un intérêt particulier au sein de la population.

    Ou  le « sit-in ».  Mais, là, c’est différent.

     On aurait dit une nouvelle culture au Maroc, du moins pour moi.

      Cette forme de protestation pacifique dans laquelle les participants s'assoient ou restent assis en principe, dans un lieu spécifique pour exprimer leur désaccord avec une politique, une action gouvernementale, ou pour revendiquer des droits. Pendant un sit-in, les participants peuvent rester assis en silence ou exprimer leurs revendications à travers des discours, des pancartes, des chants ou d'autres moyens pacifiques. Ce spectacle tel que je commençais à l’apprécier, est utilisé comme moyen de désobéissance civile non violente pour attirer l'attention sur une question particulière et mobiliser l'opinion publique. Il a été largement utilisé dans le cadre de mouvements sociaux, notamment pendant le mouvement des droits civiques aux États-Unis dans les années 1960. Des « sit-in » ont également été organisés dans le monde entier pour protester contre diverses formes d'injustice sociale, de discriminations, ou pour promouvoir des changements politiques. L'objectif principal est généralement de susciter un débat public sur la question à laquelle les participants s'opposent et de faire pression sur les autorités ou les institutions pour qu'elles prennent des mesures en réponse aux revendications des manifestants. Il est important de noter que ces « sit-in » sont généralement conçus comme des actions non violentes, bien que les autorités puissent parfois réagir de manières hasardeuse, scandaleuse et en fonction du contexte politique et social comme celui du Maroc, on prime la langue de la matraque avant celle du dialogue.

     Comme si c’était précisément la « manifestation » en elle-même qui me fascinait.


Je l’avoue volontiers, je n’avais jamais vu auparavant un spectacle pareil, du moins avant que je ne voyage en France pour continuer mes études supérieures. Ce dont je me rappelle par contre c’était les défilés folkloriques à l’occasion de fêtes publiques et nationales.  Ou sinon, les jours où on nous sortait des classes, très jeunes que nous étions, petits drapeaux à la main et en cadençant des chants bien rimés, pour assister au passage du roi pour une occasion d’inauguration importante ou pour une tournée habituelle : Les majorettes et les couleurs, les tambours et la musique harmonique, les photos et les drapeaux, les cortèges et les sirènes, les hommes en uniformes, les barrières de fer et la foule. Le soleil et la poussière, la soif et la fatigue car on passait presque toute la journée debout sinon à nous déplacer d’une manière très restreinte. Personne ne savait à quelle heure se produirait l’événement attendu. De temps à autre passaient des petits cortèges de voitures de luxe et tout de suite les cris habitués de la masse, qui scandaient à très haute voix et spontanément « Vive le roi » pensant qu’il y était, alors qu’il s’agissait seulement de simulation ou de voitures d’organisateurs qui se déplaçaient toujours à l’avance pour les préparatifs et pour les besoins sécuritaires, au cas où... Une fois mis au parfum de l’approche du moment fatidique, alors personne ne pouvait couper la rue. Reste là où tu es, tu as beau être malade, tu as faim ou  tout simplement tu es près de chez toi et tu voudrais rentrer. Même pour une urgence ou pour le passage d’une ambulance, personne n’avait le droit de traverser tant que l’ordre n’ait pas été donné. D’ailleurs le spectacle était aussi contrôlé du ciel par des hélicoptères allant et revenant avec leur bruit assourdissant surtout quand ils s'approchaient des foules en s’abaissant, et plus la fréquence des vols montait plus l'heure de la grâce s’approchait. De tels jours, on assistait généralement à une maltraitance des agents d’autorité de tout genre, avec uniforme ou civils, excités par la circonstance et autorisés implicitement à abuser de tous les pouvoir tant qu’il n’y aurait pas d’incidents au moment crucial, celui du passage éclair du « Personnage Principal », celui dont de grandes photos sillonnaient d’ailleurs toutes les grandes artères de la ville par où il était censé passé. Les sorties des écoliers, collégiens et lycéens accompagnés de leurs professeurs aussi bien organisées au début, manquaient peu à peu de fraîcheur, les longs moments d’attente obligeaient de part et d’autre de l’avenue. A la fin du calvaire, c’est le sauve qui peut qui l’emportait.  Et sur le chemin, de la rentrée chez soi pour les habitants ou lors du rangement du matériel pour les autorités qui ne voyaient pas leur boulot terminé, on commentait le miracle :

« Il portait une djellaba zitiya et le tarbouche national, tu l’a vu ? »

Ou  « Je n’en croyais pas mes yeux, il semble plus bronzé qu’on le voit à la télé non ? »

Ou « Non, celui qui tu as aperçu ce n’était pas lui, Lui, il était dans la Mercedes assis dans la banquette arrière, faisant des geste de la main ! Bien fatigué le pauvre !»

    Je ne parle pas des braves gens qu’on faisait amener depuis les patelins voisins et la campagne dans des camions remorques ou des chariots tirés par des tracteurs et qui devaient, à défaut d’avoir de la famille en ville, se débrouiller avec leurs propres moyens pour retourner chez eux sans que personne ne s’inquiète de leur sort, s’ils avaient à manger et à boire ou non.

     Seulement, ces nouveaux types de manifestants intraitables c’est moi qui les ai découverts. Au moment ou j’arpentais les sentiers pour me retrouver. Au moment ou je chassais inconsciemment ce démon qui me doublait et me faisait nier mon moi réel. Bref au moment ou je reprenais progressivement confiance en moi et que je réalisais que le défaut émane bel et bien – et tant mieux !- de quelque chose d’autre mais en dehors de moi. Je me sentais d’ores et déjà pris d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de ces jeunes qui, à entendre l’un d’eux, le plus préposé par les lois internes, faire un exposé au milieu de la manif., improvisé soit-il ,on comprendrait mal qu’une telle personne aussi cultivée qu’initiée aux réalités sociales de son milieu, échoue aux concours –et à l’examen écrit avant l’oral!- pour formation de «caïds», ces agents d’autorités qui seraient justement disposés à connaître le clivage politico-social des arrondissements de leurs affectations.

      Ce faible en moi, je devais pourtant l’identifier et le reconnaître si j’avais eu l’occasion de me confronter à lui. Mais nulle part que dans une université du pays comme la majorité de mes semblables. Car, outre les diplômés universitaires, l’Association compte bien parmi ses adhérents d’autres diplômés, en l’occurrence des lauréats des instituts de technologie, des bacheliers et bien d’autres, à la seule condition d’être au chômage. C’est donc de là, de l’université marocaine, certainement que me venait cette nouvelle culture.  

      

      Mais moi je n’avais pas eu cette chance. De passer par l’université de mon pays !

 

 

                                                            A suivre ...


mardi 14 novembre 2023

25 - Les martyres de L’ANDCM, sacrifiés pour avoir réclamé le droit au travail au Maroc : Mustafa El Hamzaoui (1993), Najia Adaya (2000), Kamal El Hassani (2011), .. Comment en rester indifférent ?

      Mais la véritable reconnaissance de l’ANDCM, elle est sous-entendue. Elle émane de la force de présence fidèle et persistante, faisant fi de l’oppression des appareils de l’État avec toutes ses couleurs visibles et invisibles. De la compassion de la société touchée jusqu’à la moelle et de la qualité des adhérents tenaces et décidés à prendre leur destin à bras le corps quitte à y laisser leur peau. Sans oublier bien sur, le soutien de la société civile, de certains partis politiques ou syndicats qui mettent toujours leurs locaux à disposition de ces «Andcm-istes» – si je puis dire- pour leurs régulières réunions, et des militants et défenseurs actifs dans le domaine épineux des droits de l’homme au Maroc.

      Je serais bien malhonnête si je niais le profit effectif tiré d’une certaine « marge de démocratie » vers la deuxième moitié des années 90, à laquelle la société civile tient et qu’elle essaie de banaliser pour gêner le cas échéant, tant qu’on ne cesse de s’en vanter dans les déclarations officielles. Mais il faut souligner que c’est le résultat d’un militantisme fervent et courageux de toutes les forces vives du pays chacun de sa position, des hommes et des femmes, ayant subit plus que ce qu’on peut imaginer comme torture et emprisonnement et encore par le passé alors que l’information était encore lente à circuler et à faire le tour du monde.

      Cette «marge» n’est pas donnée. Si non, qu’on nous demande de la rendre!

     Cette « marge » indissociable de son environnement mondial de l’époque où régnait une certaine pression du monde occidental, pour ne pas dire des Américains et leurs disciples Européens, dans leur projet futuriste pour dominer le monde de « demain » en prétextant l’universalisation des valeurs humaines et de droit de tout genre et auxquelles tout Etat ne voulant pas rester marginalisé, devrait adhérer.

      Cette «marge» qu’on devait justement élargir pour la rendre comme toile de fond pour tout ce qui concernait, dans l’avenir, notre relation de citoyens à notre État qui serait effectivement «État de droit».

      Mais je serais bien ingrat aussi vis-à-vis de l’Association si je m’enfermais toujours dans mon gouffre alors que l’ANDCM comptait déjà son premier martyre !  

    Pour commencer, le terme "martyres du droit au travail" ne fait pas référence seulement à des individus ou des travailleurs qui ont sacrifié leur vie ou ont été victimes de violations graves de leurs droits liés au travail. Ces martyres peuvent inclure des personnes qui ont lutté pour des conditions de travail justes, des salaires équitables, la sécurité au travail, ou d'autres droits fondamentaux une fois ils ont le statut de travailleurs, mais aussi des demandeurs d’emploi qui sont confrontés avant toute chose à la négation de cette demande justement et encore plus à le faire d’une manière transparente. On leur nie le droit à s’organiser pour être dans la mesure légale nationale et pouvoir alors demander le droit à avoir un travail digne! L’aberration est là. Je suis actif, à la recherche d’emploi que je peine à trouver en empruntant les voies légales et habituelles dans le pays, je m’organise avec d’autres qui souffrent du même problème et on se voit déjà le droit à cette organisation et ce regroupement civilisé, bafoué, renié, pas accepté, et de là, on nous crée un obstacle de taille qui nous amène à réclamer, non pas le droit au travail mais plutôt, et de facto, à l’organisation pour demander ce travail. Est-il encore nécessaire de rappeler qu’en règle générale, dans de nombreux pays, les individus ont le droit de chercher un emploi. Les lois du travail et les droits de l'homme protègent généralement le droit à l'emploi et à des conditions de travail équitables. Cependant, des exceptions peuvent exister, par exemple, dans des pays en conflit ou en période de crise où des restrictions temporaires peuvent être imposées, certes, on ne se soutient jamais à la réalité de son pays. Les raisons pour lesquelles le droit de travailler peut-être refusé ne dépendent que des lois et des politiques nationales. Par exemple, des restrictions peuvent être imposées pour des raisons de sécurité nationale, de santé publique, ou en cas de condamnations pénales spécifiques. De même pour le droit de s'organiser en associations, syndicats ou autres groupes pour défendre ses intérêts. Certains pays peuvent avoir des lacunes dans le respect des droits des travailleurs, que ce soit en termes de droit au travail, de conditions de travail équitables ou de droits d'association. Mais la situation peut évoluer, et des efforts peuvent être déployés pour améliorer les normes et les gens concernés doivent le sentir sinon, c’est l’évidence qui prend le dessus. On notera que dans ce contexte, on ne veut pas accorder ces droits, c’est aussi simple à comprendre. On n’aurait pas besoin de lire des philosophies de la pensée humaine pour comprendre qu’on est dans un monde où les classes sociales luttent et que ceux qui détiennent le pouvoir et l’autorité ne lésinent pas sur les moyens pour aggraver le ratio du partage déjà inégal par la force des choses. D’autre part, devant les suppressions des postes de travail dues à divers facteurs tels que les changements économiques, les évolutions technologiques, les restructurations d'entreprises, etc, les gouvernements (ou le système politique qui dirige le pays) sont impliqués directement dans des politiques qui affecter le marché du travail.

      Toujours est-il que « martyre » souligne surtout le prix élevé que de telles personnes ont payé dans leur quête pour défendre le droit au travail et, en parallèle, celui de reconnaissance de leur association encadrée par l’ANDCM en tant qu’association du droit nationale. Ces individus, par leur engagement et leur sacrifice, ont contribué à la prise de conscience des enjeux sociaux et économiques liés au monde du travail dans leur pays.

      Il est important de reconnaître et de se souvenir de ces martyres.

     Premier de la liste, «Mustafa El Hamzaoui», de la section de la ville de khenifra, mort en 1993 dans


des circonstances mal connues dans un poste de police et jusqu’à l’heure ou j’écris, personne ne sait encore où il est enterré! En effet, « le 16 mai 1993, Moustafa El Hamzaoui a été kidnappé par la police, torturé et assassiné dans le commissariat de police de Khenifra au Maroc, sans que jusqu’à aujourd’hui on ait éclairci les faits, trouvé sa tombe et puni les coupables de ce meurtre » pouvait-on lire sur un journal français « Rebellyon.info » dans un article qui appelait toutes les personnes impliquées dans la lutte contre le chômage, la précarité et l’exclusion sociale à participer le 16 mai 2009 à la journée de lutte en mémoire de Moustafa, ainsi qu’à effectuer des actions et des rassemblements devant les ambassades et les consulats marocains, pour exiger la reconnaissance légale de l’ANDCM et le châtiment des coupables de l’assassinat de Mustafa El Hamzaoui..

    Mort pour ma cause qui est indissociable bien sûr de la sienne mais de celle des milliers d’autres aussi.

     Comment en rester indifférent ?

     Au cours même de mon intégration à l’ANDCM à partir de 1999, j’ai pu vivre l’événement douloureux de la disparition d’une autre martyre «  Najia ADAYA » née en 1966, à Zaouiat Sidi Abdeslam – village près de la ville d’IFRANE et  Licenciée en langue arabe et littérature en 1993 de l’université de Meknes.


Najia assumait plusieurs responsabilités à l’intérieur de la structure de l’association sur le plan régional et national : elle a été présidente de la section d’IFRANE, membre du comité régional et aussi membre du conseil national jusqu’au jour de sa mort, le 11 décembre 2000. Ce fameux jour, elle se dirigeait vers le parlement pour participer à un rassemblement de commémoration du 23ème anniversaire de la mort de la grande militante Saida Menebhi ; or, très vite, ce rassemblement a été réprimé dans un bain de sang – obligeant les manifestants à fuir. Najia et ses camarades - poursuivis par les forces de répression - se sont alors retrouvés encerclés sur les falaises en bord de mer à Rabat et elle n’a eu d’autre échappatoire que de se jeter à la mer. Aucun secours ne lui a été apporté et son corps a alors été emporté par les vagues. Son cadavre n’est réapparu que plusieurs mois plus tard dans la région de Mehdia.

      La persécution et les meurtres se sont poursuivis même après mon départ de l’ANDCM.

     En 2011 encore , on n’oublie jamais l’ignoble crime dont a été victime le jeune « Kamal El Hassani » à  Beni Bouayach, 3ème ville et commune marocaine de la province d'Al Hoceïma, située en plein cœur du Rif historique. Le défunt, rappelons-le, était un membre très actif de l’antenne de Beni Bouayach de l’ANDCM,


dont il préparait la tenue de la réunion hebdomadaire, jeudi 27 octobre dans la soirée, lorsqu’il a été lâchement égorgé et poignardé soi-disant par un « déséquilibré mental » qui avait trouvé refuge à la Municipalité même de la localité et d’où, on l’avait vu et entendu en train d’appeler la police pour leur demander de venir arrêter le massacre car il allait tuer tout le peuple (qu’il disait). D’ailleurs ces faits sont enregistrés sur le Net où ses collègues racontent les détails de l’abomination.

      Mais la réalité, dans quasi toutes les sociétés, est bien identique : il y a ceux qui militent et ceux qui en profitent. Ceux qui défendent un idéal et ceux qui cherchent l’opportunité.

      Ceux qui adhérent, conscients, obligés de faire comme les autres ou par conviction.

      Ceux qui regardent, inconscients, incapables de franchir le seuil psychologique –excusés ceux-ci, c’était mon cas !     

       Ceux qui sont désespérés de tout sans mettre le doigt dans la soupe et apporter leur contribution et ceux-là sont les plus redoutables car envoient des critiques faciles puisque formulées de l’extérieur. 

Ainsi un jour de « Bataille », comme on appel toute mobilisation en vue d’organiser un « Sit-in », « une marche », « une campagne de distribution de tracts » ou tout type d’action syndicales qui visent à attirer l’attention des citoyens et à faire pression sur les responsables élus (le conseil municipal de la ville) ou nommés (le gouverneur de la ville et ses subordonnées : pachas, caïds khalifas etc.. selon le type d’agglomération où l’ANDCM est active localement) ; je devais faire un passage au café avoisinant le local de nos réunions, devant lequel on devait commencer, une dizaine de personnes que nous étions et comme on avait l’habitude de le faire en début de chaque campagne militante, à scander les slogans (en arabe classique comme en dialectal marocain) pour annoncer le début d’une « démarche » qui reste toujours très risquée vue les conditions des droits de l’homme déjà connues et citées dans ce contexte marocain (et dans ces écrits). Ces slogans qui riment et que je me risque avec un grand plaisir à les traduire fidèlement et comme je peux :    

          « L’Association Nationale des Titulaires de Diplômes (le nom légal en arabe de l’ANDCM) : on a le droit de travailler sans corruption et sans médiation ! L’Association Nationale des Titulaires de Diplômes : Pas de confiance dans les promesses ni dans les slogans ! »

     Ou encore, en arabe dialectale (cette fois-ci) pour toucher la masse :

        « Toi monsieur, eh toi madame, regarde la situation de tes enfants, que vont-ils devenir ? Tu les a fait étudier jusqu’à avoir de grands diplômes et à la fin on les jette à la rue ! »

       « On nous a parlé de changement, d’un dossier et d’une cause*, mais on nous a privé de l’emploi, n’est-ce pas une politique de classe ». 

(*par la « Cause » on fait allusion au problème appelé internationalement « Sahara occidental » mais que le Maroc réclame comme faisant partie de son intégrité territoriale)

     C’est alors que je surprends une conversation de clients du même café qui connaissaient dans la majorité des cas tous ces types de militants et qui étaient là à regarder ce qui se passait. A vrai dire ils s’attendaient à voir ce, de quoi ils ont peur au fond d’eux mêmes! L’intervention musclée des forces de « l’oppression » dont ils avaient constaté certainement les estafettes stationnées pas loin du lieu depuis tôt dans la matinée. Malheureusement pour eux, ils ne remarquent pas que les mêmes engagés militants de la solide association continuent à résister et à combattre malgré tout. Ils ignorent tout simplement que toute cette armada de police et compagnie et tout le décor qui s’en suit, est dirigé en premier lieu à dissuader les nouveaux arrivants, les recrus, à leur faire peur, avant de leur donner une démonstration réelle de ce qui pourrait les attendre au cas où ...   :

          - « Regarde-moi ça ! Une poignée de personnes prétendent faire le « scandale » ! Il y a de quoi rire ! non ? »

   Et moi de répliquer, incapable de me contrôler, en les surprenant et sans rester pour constater les dégâts ou la suite... :

-       « Eh pardon, toi qui parles, de ta place où tu te trouves maintenant, tranquille, sur la terrasse au milieu d’autres comme toi, peux-tu lever seulement le doit en guise de signe de victoire pour « cette poignée » de personnes comme tu dis ? Chiche ! »

 

jeudi 25 mai 2023

24 - «Annajat» ou plutôt .. "Le naufrage" : une opération "arnaque" sous les yeux de l'État (2002)

    Il est vrai et légitime aussi de faire des démarches époustouflantes en vue d’un dialogue à l’arraché avec les autorités – localement ou au niveau central - pour un quota au profit essentiellement des adhérents de l’Association dans toutes éventuelles opportunités d’embauche. Tant que ces adhérents, pour des considérations d’âge ou d’idées aussi – il faut le signaler !- se voyaient exclus à priori à l’occasion de toute sélection ou concours. Seulement l’on ne réalise la grandeur de ces démarches que lorsque la réponse des interlocuteurs se fait plutôt générale, en annonçant la création à chaque fois que la pression monte, de programmes d’insertion aussi diversifiés qu’inadaptés aux réalités et donc voués à l’échec.

   Parfois la réponse peut aller jusqu’à faire plutôt des victimes ! 

   En effet ! L’exemple le plus frappant étant celui de l’opération bien fameuse : «Annajat».

   D’ailleurs cette opération mérite bien que je m’y attarde, juste le temps de montrer comment des chômeurs se sont fait escroquer sous les yeux de leur État. Quelle irresponsabilité !

  Cette opération datant de 2002, est la plus spectaculaire des autres programmes conçus pour assister les demandeurs d’emploi, après qu’on aie institué un autre organisme : l’ «A.NA.P.E.C.» (Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences) ». Une agence gouvernementale créée en 2000. 

  L’ANAPEC ,tel qu’il a été annoncé par les autorités marocaines, son objectif principal était de promouvoir l'emploi et de faciliter l'insertion professionnelle au Maroc. Elle devrait collaborer avec les entreprises, les demandeurs d'emploi et les institutions pour favoriser la création d'emplois et la mise en relation entre l'offre et la demande sur le marché du travail. Ses principales missions consistaient donc en une étroite collaboration avec les entreprises et les employeurs potentiels pour comprendre leurs besoins en matière de recrutement et d'emploi. En plus d’organiser des foires et des événements de l'emploi, de mettre en place des programmes de formation professionnelle, de collecter et analyser les données sur le marché du travail et sur les tendances de l'emploi et les besoins en compétences, elle devait fournir des services de soutien aux demandeurs d'emploi, tels que des conseils sur la recherche d'emploi, l'orientation professionnelle, la rédaction de CV, les formations et les programmes de développement des compétences.  Ces données devaient aussi être utilisées pour orienter, en principe, les politiques publiques et les initiatives de développement de l'emploi. 

   Mais une fois créée, on a mis à sa tête un dirigeant du même parti politique que celui du ministre de tutelle: de l’emploi.

   Alors, ce qui devait arriver, arriva !

    D’autre part, le nom de l’opération «Annajat» se réfère à « Annajat Marine Shipping L.L.C » qui est une entreprise de transport maritime basée aux Émirats arabes unis et qui se spécialise dans les services de transport et de logistique liés à l'industrie maritime. Elle offre un éventail de services, tels que le transport maritime en vrac, en conteneurs ou en cargaisons spéciales, la logistique maritime, l’affrètement de navires, des services de courtage maritime et de gestion de flotte (c'est ce qu"on pouvait lire sur son site en ligne). La société émiratie, elle même apparemment intermédiaire, devait recruter à partir du Maroc, des milliers de mains d’œuvres pour travailler en mer : une offre pour 30.000 Marocains dans des postes à bord de bateaux de plaisance pour début août 2002. De quoi en faire rêver plus d'un chômeur qu’il soit associationniste (Andcmiste) ou non. Ce qui ressortait en principe de la tâche justement de l’ANAPEC. Évidemment, les candidats n'avaient pas tardé à se manifester. Seulement l’affaire devait se passer d’abord dans les coulisses du parti considéré, le parti traditionnel et bien connu – et dont le nom entonne avec le mot «indépendance» d’ailleurs-, avant d’éclater au grand jour. Les pauvres préposés candidats, quelques 80.000 au total – car en plus des bienheureux malheureux, il y avait les autres, ceux ayant pu reniflé l’odeur de la transaction en dehors de ce parti ou de ce «souk» -  devaient payer 1000 dirhams chacun pour un examen médical (qui coûtait en réalité seulement 900 dh) et bien entendu dans une seule et unique clinique couvrant tout le territoire national, avant de signer le contrat de travail. Il suffisait d'être apte physiquement et sans avoir besoin de qualifications professionnelles déterminées, et donc pour cela, une visite médicale s'imposait. L’examen médical obligatoire devait être fait dans une clinique unique, bien définie et nommée, sise à Casablanca exactement.

   Examens passés et contrats signés, sauf qu’il n’y a jamais eu par la suite ni «annajat» ni travail.

   C’est à peine si on a parlé d’une possibilité d’éventuelle indemnisation des victimes en créant comme à chaque fois un comité ministériel qui devait étudier les rapports d’autres sous-comités ou de promettre des enquêtes qui ne s’ouvrent jamais;  et si on publiait de temps en temps dans la presse « jaune » de l’État, des soi-disant rebondissements dans l’affaire pour calmer les esprits qui en souffrent encore ou pour faire du chantage politique. Et ainsi de suite de comités en comités et en attendant depuis quelques années déjà, c’est la matraque qui prend le relais au dialogue prôné par les victimes au cours de leurs manifestations dispersées dans tous les coins.

   A qui avait donc profité l’affaire ? L’opération de la multiplication est pourtant simple.  

  A moins que le doigt de l’accusation ne se dirige directement (encore une fois) vers les manipulateurs de l’échiquier politique au Maroc qui auraient voulu attirer la sympathie des électeurs lors des élections législatives qui allaient suivre en septembre 2002 vers le parti concerné.    

   La responsabilité de l’État est bien engagée puisque l’ANAPEC agence publique, n'avait même pas pris en considération des informations et des avertissements venus de différentes sources, à l’époque, et qui, toutes, avaient signalé que l'affaire sentait l'arnaque par sa ressemblance à des opérations que la même société avait déjà entreprises dans de nombreux pays comme le Kenya, la Syrie et la Jordanie.

   Un des argument qui confirment bien que nos chômeurs avides d’emploi se sont fait carotter, c’est que, selon les experts en milieu juridique et professionnel, c’est l'employeur final qui doit prendre en charge tous les frais de visite médicale, de visa, de voyage et d'assurance. Les frais relatifs à la constitution du dossier de candidature, ne doivent aucunement être à la charge du chercheur d'emploi. Les conditions que prévoit ce genre de contrat sont que la visite médicale, elle, ne devrait être demandée qu'au stade d'embauche définitive et, généralement, cette visite, ou contre-visite, est opérée par les autorités médicales du pays de destination. A ce sujet, faut-il rappeler que les premiers inscrits pour ce programme, l'ont été en mars 2002, alors que la date contractuelle du début d'embauche stipulait le mois d'août 2002.

   Enfin parmi les victimes de la supercherie, on a pu compter malheureusement quatre candidats déçus et qui se sont suicidés.

   Ainsi donc, cet organisme échouera même pour jouer le rôle d’un intermédiaire exportateur d’une main d’œuvre à bas prix!. C’est le cas de le dire car l’ANAPEC allait amputer, et c’est le comble, des royalties des salaires de ces préposés travailleurs, ces victimes, une fois engagés.

  En somme, même à un travail en tant qu’ouvriers et encore en pleine mer qui durerait des mois, les chômeurs quoiqu’avec de hauts diplômes, y compris les adhérents de l’Andcm aussi, ne diraient jamais non, au contraire. Il y en a même qui ont laissé tomber leurs petits jobs et qui ont liquidé leurs commerces auxquels ils s’étaient convertis auparavant pour s’investir dans cette opportunité qu’ils pensaient salvatrice (« Annajat » en arabe ne veut-il pas dire « l’opération de sauvetage » ?).

   N’est-ce pas triste et cynique ? Tellement on a besoin de travailler au Maroc. Tellement on rêve de travailler. Et tellement on se moque de nous.

    Personnellement j’en ai échappé belle, sauf que j’en ai profité pour déposer un dossier à la fameuse ANAPEC – sait-on jamais à l’avenir -, n’étant mis au parfum qu’à la dernière minute. C’est bien une affaire d’escroquerie de l’État vis-à-vis de ses citoyens et d’une compagnie bidon vis-à-vis de l’État. Le plus malheureux dans cette escobarderie était le rejet mutuel de responsabilité les uns sur les autres au gouvernement, toujours de gauche disait-on! - de 1998 quoique remanié -. J’imagine le tollé que cette naïveté ou escroquerie pourtant bien prévisible, surtout à l’échelle d’un État, aurait fait dans toute démocratie où, avant même que l’affaire ne s’éclate en grand scandale, le ministre responsable aurait démissionné sinon tout le gouvernement. Et peut-être même le président de l’État.

   C’est ainsi que nos hommes politiques manquent de courage. Ou tout simplement mais tristement, que nous manquons de démocratie.

   On l'aurait bien compris. Et sans commentaire! : Justement, le ministre de l’emploi de l’époque, président du dit parti, allait être par la suite nommé Ministre d’État – même sans portefeuille - dans le gouvernement suivant. Que dis-je ? Il allait être nommé premier ministre dans un gouvernement qui allait suivre. Le jeu s'avérait d'ores et déjà clair!

    N’est-on pas alors en droit de se demander sur le bien fondé de telles réponses à la problématique de l'emploi ? Volonté réelle pour «faire la guère» au chômage comme ils disent ? Ou seulement une poudre dans les yeux pour absorber à chaque fois, la colère des mouvements protestataires dans la rue et gagner du temps ? 

   En tout cas, l’on se bat pour un morceau de pain digne mais l’on se retrouve enfin, considéré, qu’on le veuille ou non, comme un grain de sable dans l’engrenage. D’où la farouche oppression dont souffre tout chômeur, qu'il soit de l'ANDCM, victime d'"Annajat" ou pas encore déclaré!

    La matraque ne fait pas d'exclusion semble-t-il ou y aurait-il une démocratie: celle du gourdin ?