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Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

samedi 4 janvier 2020

10 - Les alternatives d'un chômeur marocain

         Faire comme les autres je n’y arrivais pas.
       À vrai dire ça ne me réussissait pas, j’avais beau essayé.
     Ou alors que l’on m’ôte mon esprit. Que l’on me formate les idées. Que l’on me forme à nouveau ou que l’on m’accorde une autre vie où je n’irais pas plus loin que le collège, sinon pour faire un chauffeur de petit taxi, circulant sans répit le long de la journée pour pouvoir payer le prix de la location de l’ « agrément », cette autorisation spéciale de rente octroyée par les autorités supérieures à des privilégiés qui ne le méritent pas la plupart des cas et dont l’attribution ne répond à aucun critère administratif ou légal et dont les bénéficiaires ne l’exploitent pas eux même sinon les louent à leur tour à des investisseurs qui monopolisent le marché du transport des petits-taxis; pour être instituteur dans l’enseignement primaire affecté dans un bled perdu ou un village isolée dans une montagne ou un désert, difficile d’accès et sans eau ni électricité et encore moins de logement ; sinon enfin pour vendre des fruits et desserts aux coins des rues sur des chariots tirés à la main à l’image des marchands ambulants ou des « ferrachas » qui vendent par terre des misères : une conséquence flagrante et bien significative du développement des métiers dans mon pays : des pratiques qui servaient en réalité de moyen de vie autrefois pour des gens qui venaient de la campagne ou qui n’avaient jamais été à l’école, sont devenues actuellement des métiers communs puisque les chômeurs s’y sont ajoutés et les diplômés aussi, piégés par un mariage précoce ou contraints de faire nourrir des parents démunis et qui sont tombés à leurs charges.
       Décidément c’est moi qui m’adapte peut-être mal à ma société !
    Ou alors je me complaisais bien dans mon cercle familial compréhensif et dans mon univers personnel ou je m’adaptais le mieux et d’où j’observais le reste du monde. D’où je suivais le court du temps, je réfléchissais, je discutais avec les autres, je méditais aussi mon cas, j’essayais de me comprendre, discerner la situation et comprendre les autres et je continuais à espérer.
Toujours espérer.
Surtout espérer.
Se morfondre dans l’espoir. Jusqu’à ce qu’on me fasse remarquer un jour que j’ai un cheveu blanc sur le temple droit ! Et toc ! jamais je n’avais pensé auparavant que moi, j’aurais des cheveux blancs. Hérédité oblige puisque j’en voyais mon père dépourvu à l’âge qu’il avait. Je me réveille donc et réalise que le temps m’a volé. Que je m’étais volé mon temps moi même car j’étais incapable de raisonner cet espoir effréné.
      Mais bien souvent, il faut le dire, au début de mon calvaire, au temps ou je dégustais l’apéritif et alors que je ne parvenais pas encore à réaliser ce qu’allait être ce temps perdu, alors je me laissais emporter, m’illusionnant que mon tour viendrait un jour et que je parviendrais bien à décrocher un emploi digne de ma formation supérieure ou du moins un poste rémunéré décemment. Alors, à chaque fois que l’occasion se présentait, je picolais avec les copains en plein air sur la colline avoisinante et dominante à la sortie de la ville, les après-midis du dimanche en suivant le reportage des matchs de foot à la radio sur lesquels on aurait parié, et en finissant la soirée dans un des cafés du boulevard populaire pour rentrer, chacun chez soi (chez ses parents je veux dire !) aussi discrètement que des adolescents ayant peur d’être grondés parce qu’ils rentrent tard ou parce qu’ils sentent le vin ou la cigarette. Seulement ce qui se passait un dimanche devait être systématique au fil des jours. Aussi souvent que l’argent de poche le permettait. Et sinon on se contentait d’une table dans un café bien choisi pour passer le temps à lire les journaux et les éventuelles annonces d’emploi ou à jouer aux mots fléchés et parfois aux cartes et au « rami » en attendant des jours qui chantent.

Photo: Aujourd'hui le Maroc
D’ailleurs jouer aux mots fléchés est devenu un hobby bien prisé dans les terrasses des cafés au Maroc, au plus grand bonheur des vendeurs des cigarettes au détail, ces jeunes enfants qui font faire des copies des grilles dans les journaux quotidiens en arabe et en français et les revendent en même temps que les cigarettes pour augmenter leur rentrée d’argent quotidienne. Ces mêmes jeunes, à défaut de « capital » parfois se convertissent en cireurs déambulant entre les terrasses des cafés en toutes saisons. Et ainsi de suite jusqu’à faire du café notre « quartier général », tellement on y est à l’aise, et notre moyen de rencontre et d’ouverture sur le monde, local surtout.

 La « qahwa » dans la culture populaire, chez nous, a pris une autre dimension que celle d’un site pour prendre un café, un thé, un jus ou autre, ou pour se reposer un instant, le temps d’une cigarette ou d’attendre l’ouverture d’une administration par exemple, d’un rendez-vous ou d’un digestif après un bon repas. L’évolution naturelle de la société marocaine a fait du « café » a priori un espace de passe-temps par excellence. Le prix d’un petit café « cassé » , « crème », « nos-nos», « capo », etc. vous donne le droit d’y passer toute une mi-journée, et – n’en parlons pas -  si vous habitez dans le coin car vous pouvez y rester tout le temps, vue la « sympathisation (si je puis écrire !) » avec tout le personnel, les gars du comptoir, les serveurs et mêmes les patrons. Au fait le « café » est devenu même un lieu d’importance socio-culturelle non déclarée, qui, à force de le fréquenter à lui seul, un sociologue ou enquêteur aurait la tâche facile s’il s’attaque à étudier la société marocaine et bien l’illustrer.  
Fréquenter d’autres lieux pourrait ne pas être à la portée du pouvoir d’achat des gens. Et vue la structure sociale de la famille marocaine où beaucoup de personnes partagent des petites chambres, les hommes et les garçons cèdent l’espace et le temps à l’intérieur de l’habitation, aux femmes et aux sœurs, en se camouflant dans un espace collectif fait essentiellement d’hommes qui est le « café » du coin. Ainsi est-il facile de les retrouver si on les  cherche pour une besogne. Rares sont ceux qui ne pensent pas passer au « café » en allant au boulot ou en en revenant surtout dans le cas des fonctionnaires, qui profitent même pour y faire un petit saut le temps d’une petite pause. On en profite pour voir la clique de nos copains et ce qu’ils racontent. On s’y informe. On y passe des tuyaux. On rencontre ceux qu’on cherche, des artisans par exemple, qui font du café leur référence professionnelle. Les retraités aussi s’y retrouvent pour jouer aux cartes ou aux dominos et nos chers maîtres enseignants qui constituent à eux seuls un stéréotype bien connu de ceux qui cotisent pour commander une théière pour tous autour de laquelle ils se mettent à plusieurs.

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