Et voilà que
la ferveur des protestations des diplômés chômeurs s’affaiblit et devient
modérée.
Le temps d’un été.
À ce propos, et en parlant des ressortissants marocains à l’étranger - R.M.E. (Résidents
Marocains à l’Étranger) comme on les appellent officiellement - il faut signaler
que déjà les transactions de leurs affaires commerciales ou touristiques depuis
leurs pays de résidences, apporte à la trésorerie de l’État marocain une masse
considérable de devises. Pourtant l’on ne rencontrerait pas un parmi eux, qui
ne se soit pas plaint d’une vacherie quelconque, notamment au niveau
administratif, fief de prédilection j’allais dire pour ces marocains qui
viennent régler des litiges relatifs à des projets surtout dans l’immobilier, restés
souvent en suspens depuis l’été d’avant et qui se trouvent confrontés aussi et
toujours à la même mentalité administrative. D’ailleurs on ne leur accorde même
pas le droit de voter à partir de leur pays de résidence, leurs représentants au parlement de leur pays d'origine. « On veut notre argent
mais pas notre voix ! » disent les plus érudits de nos R.M.E. Mais
très attachés à leur terre d'origine, ils continuent toujours à envoyer l’argent pour les
membres de leurs familles restés en détresse au Maroc, faute de moyens légaux ou rusés pour les ramener vivre avec eux, et contribuent ainsi et malgré tout à
l’apport de devises au pays où ils ont droit à une action de reconnaissance se
limitant à une propagande au début de chaque saison estivale, destinée à les accueillir :
« Bienvenus dans votre pays ! »
Toujours est-il que moi, chômeur de ma situation de demandeur éternel d'emploi sans succès, je ne trouvais
jamais goût à partir en vacances.
Même lorsque
ma famille pouvait se permettre de fuir la chaleur torride du mois d’août pour
aller généralement vers la côte atlantique et toujours au même coin : «Azilah».
Cette petite ville, devenue plus connue grâce à son festival culturel depuis
les années soixante-dix et merveilleuse par ses plages et sa casbah, qui nous
a marqués depuis très jeunes, car on y passait tranquillement un mois de nos
vacances d’été chaque année, ne reste plus à la porté de gens comme nous aujourd’hui,
tellement privilégiée par les touristes du monde entier que le logement y
devient inaccessible. Ou encore vers les plages de « Moulay Bousselham » ou la majorité des estivants de chez nous passent ce mois-ci surtout pour sa proximité et son caractère très populaire.
Pour moi les vacances étaient synonymes de congés. Passés donc des jours de
distraction, de divertissement, de jeux, de bronzage idiot et de
rafraîchissement aussi, l’on est obligé de revenir au boulot. Sauf que moi,
sans boulot, j’étais en congé perpétuel. Et revenir, après des courtes vacances,
pour en retrouver des longues, non merci! C'était démotivant. Rien que le fait d’y penser me
tracassait.
À peine pensé au voyage que mon esprit me rappelait à l’ordre. Me
ramenait plutôt à mon inquiétude majeure. À mon problème primordial. Lequel
était toujours insoluble et tant que c’était ainsi, on ne serait jamais
heureux, on ne passerait jamais ne serait-ce que quelques moments de bonheur,
moi et mon esprit, en parfaite harmonisation sans se lasser et sans penser
qu’un jour et à la longue on risquait de s’engourdir.
Mon esprit, ainsi qu’il est dans sa
conception. Et moi, ainsi que je suis dans ma réflexion.
C’est aussi extraordinaire que je le
réalise maintenant que j’écris. Jamais je ne m’en étais plaint de ne pouvoir
-ou vouloir- partir en vacances tellement je me sentais le courage de persévérer
en tout temps dans une ambiance inchangée et de résister passivement et
calmement à la pression que suscite ma situation somme toute, particulière.
Peut-être puisais-je ma force justement dans un monde personnel que je m’étais
créé et que j’avais adapté, bon gré mal gré, à mon évolution paisible dans le
milieu où je vis.
Cet ensemble de personnes et de lieux à fréquenter ou à éviter,
d’itinéraires à suivre ou à changer car prendre les mêmes chemins risque d'apporter une dose d'ennui supplémentaire, d’habitudes à perpétrer ou à chambouler,
de tâches à exécuter ou à ajourner, d’invitations à accepter ou à refuser, d’horaires à respecter ou à modifier, de
fêtes à vivre ou à refouler. Fêtes religieuses je m'entends car sont celles où le poids de la tradition et de la famille se fait sentir du fait que cela affecte le moral des parents, frustrés, qui risquent de se sentir coupables de ne pouvoir te voir joyeux comme ils le montrent dans de telles circonstances. Une joie, d'autant plus apparente que si on comptait des filles à l'âge de se marier et qui sont encore à la maison. Les manifestations nationales n'en parlons pas, cela n'a de toute façon aucune importance hormis la langue de bois écoutée et lue tous azimut dans les médias accompagnée de jours fériés et de repos que cela suscite.
En résumé un espace de
situations à affronter ou à fuir!.
Bref, un univers qui paraît de l’extérieur
bien paisible et monotone, mais de l’intérieur, déborde de conflits, de contradictions et d’interactions de toutes sortes entre ses composantes de nature physiques et morales. Un macrocosme en perpétuelle transformation interne au cours de son évolution dans la
dimension espace-temps. À vrai dire un rayon bien limité car si l’on restait
toujours en contact avec l’extérieur par le biais des journaux et des
informations d’actualité, aussi locales que nationales, circulant de bouche à oreille ;
on devait se prémunir des indiscrets et des importuns. De ceux qui, à peine
vous connaissent et vous savent sans emploi, vous gênent par leurs regards
pleins de pitié si ce n’est par leurs propos désobligeants. Surtout lorsqu’il
s’agit d’un « débrouillard » - soi-disant parce qu'il s'en était apparemment bien sorti!- enthousiasmé par un
commerce de fortune ou d’un chanceux fonctionnaire casé quelque part dans une administration
par un parent, une connaissance ou un élu, dont il aurait donné la parole à la famille de le
faire embaucher à la municipalité de la ville par exemple le jour d’une campagne électorale. Un de ceux qui se montre fier de son salaire de misère.
De ceux qui vous connaissaient déjà parce qu’ils
étaient avec vous au collège ou au lycée et qui veulent savoir aujourd’hui, après tant
d’années si vous aviez fait dans la vie mieux qu’eux ou au contraire vous aviez fracassé. De ceux qui veulent se
rassurer qu’ils avaient mieux fait de quitter l’école plus tôt, et se vanter
d’une mesquine intelligence, sans avoir le courage d’admettre que c’était plutôt
leurs moyens intellectuels surtout qui ne leur permettaient de poursuivre les
études.
De ceux qui se croient arrivés parce qu’ils se sont mariés et ont des
gosses mais qui continuent de vivre toujours dépendants de leurs fiefs familiaux, du moins logeant dans
les maisons de leurs parents ; et qui, faute d’espace et de tranquillité et
fuyant les encombrements du foyer où cohabitent les épouses, les sœurs et
frères, les enfants, les parents et les grands-parents le cas échéant; passent la plupart du
temps dehors ou dans les cafés.
Enfin de ceux qui ne tolèrent pas que l’on ne fasse
pas comme eux.
C’est donc ainsi que chez nous, on comprend mal que
vous soyez différent des autres, que vous pensiez autrement que les autres et
que, contraint par les mêmes obstacles et difficultés dans la même situation
que les autres, vous devriez vous résigner à accepter de faire n’importe quoi
quitte à faire comme les autres.
Lien sponsorisé : Guide des emplois à bord des navires de croisière
Avant de lire ....
Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !
Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire
On l’a rendu chômeur !
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mercredi 25 décembre 2019
9- Chômeur dans une société de pensée unique!
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