En été donc, le
travail routinier de toute l’année, de « recherche d’emploi », se
convertit en prospection du terrain dans le but de dénicher l’oiseau rare :
un « contrat » de travail en France ou en Espagne. Les parents,
confiants en ce type de transaction ou d’engagement, pourraient aller jusqu’à vendre
un terrain agricole, ou se débrouilleraient tant bien que mal pour se trouver l’argent
nécessaire, à raison d’ailleurs et pas à tort car en réalité cela constitue un
vrai investissement ! Un contrat à l’étranger ça sonne fort ne serait-ce que pour
faire Berger dans les montagnes de la Corse française !
L’Espagne,
justement, comment en était-il arrivé là ? Ce pays qui faisait une
croissance économique annuelle supérieure en général à la moyenne européenne,
avait un PIB inférieur à des pays comme le nôtre avant de joindre l’Union
Européenne en 1986 qui l’a soutenue à ses débuts et encouragé. On lui a
attribué entre autres, l’organisation de la coupe du monde de 1982. Dans le
même contexte, il ne faudrait pas sous-estimer les événements ayant contribué
au changement de régime politique. Le dictateur Franco, avant sa mort en 1975 et
alors qu’il était malade, pensait
faire retourner la monarchie des Bourbons dans ce pays, en nommant Juan Carlos chef de l'État par intérim. Celui-ci, deux
jours après la mort du despote, et avec la même intention a été proclamé roi d’Espagne, mais c’était sans
compter avec la volonté du peuple qui lui,
avait une autre aspiration. Les manifestations et les grèves se multiplièrent à
travers le pays, malgré la répression sanglante, et l’on aboutit en fin
de compte, à un référendum qui permit d’instaurer le
régime d’une Monarchie constitutionnelle. Ainsi, une réforme politique et non
des moindres, associée à une conjoncture régionale favorable, en plus de la
prise de conscience d’un peuple, ont fait de L’Espagne à partir des années quatre-vingt,
une contrée qui n’arrête pas de progresser et de multiplier sa croissance. Donc
ne nous y trompons pas si jadis, marocains que nous sommes, nous traversions ce
territoire pour nous rendre en France ou ailleurs en Europe, sans lui accorder
la moindre importance et que maintenant, nous rêvons de fouler son sol, pour un
travail de misère comme pour la cueillette des fraises par exemple : un programme
esclavagiste - au féminin - à voir les conditions pour la sélection des
prétendantes jeunes femmes à qui il est demandé d’être mariée ou divorcée mais
avec un enfant, d’avoir des mains qui en
disent long sur le travail dans les champs et que sais-je ? Sans supposer
qu’il y ait d’autres critères non déclarés, cette affaire n’est pas gérée par
les autorités espagnoles directement comme c’est le cas de la « Diversity program » qui délivre la « Green Card » pour vivre aux
Etats-Unis, où l’on traite directement et seulement avec l’ambassade américaine.
Alors, les heureuses ouvrières restent aussi à la merci de l’administration
marocaine (ANAPEC ou autre).
Ainsi donc, le pays voisin à qui on
attribuait une pauvreté, s’est retrouvé après un peu plus d’une décennie avec
un PIB des plus forts et un niveau de vie des plus élevés. D’où non seulement le
rêve pour y immigrer sinon les dizaines de milliers de dollars payés pour un
contrat de travail.
En rappelant toujours cette saison d’été
et les opportunités offertes aux chômeurs, à défaut d’un travailleur immigré
qui a appris à faire de ce type de transaction son business (vente de contrats
de travail venant de l’étranger) , on reniflerait un autre type d’immigrés qui aurait
acquis une certaine notoriété dans le domaine, à tel point que, des courtiers
lui préparent le terrain et des futurs candidats chaque fois qu’il fait un tour
au pays. S’étant forgé sa renommée pour avoir déjà réussi à « sauver »
(c’est le cas de le dire !) des dizaines de pauvres gars restés bloqués au
Maroc et qui avaient déjà un parent ou un ami à l’étranger capable de leur
offrir un refuge le temps de s’en sortir et d’avoir leurs papiers dans le pays
d’accueil. Des types qui n’ont aucun avenir dans leur pays de naissance, et qui
sont décidés à s’exiler ayant déjà vu la déprime de ceux qui avaient des
diplômes pour avoir passé une bonne partie de leur vie à l’université en vain.
Avant de lire ....
Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !
Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire
On l’a rendu chômeur !
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dimanche 15 décembre 2019
8 - Le pays voisin dont le contrat de travail valait 10.000 dollars!
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