Des
opportunités de voyage et d’évasion surtout l’été, lorsque le pays déborde d’affaires
de toutes sortes et notamment touristiques. Une activité qui fait rêver au
Maroc, presque dans toutes les contrées, toutes les villes, tous les douars et mêmes
les lieux isolés et éloignés, mais que l’on connaît passagère –hélas ! - car soutenue
essentiellement par nos concitoyens travailleurs à l’étranger qui viennent
revoir leurs familles sur place et passer les vacances au bord des plages, à la
montagne ou à la campagne. Et comme pratiquement chaque famille compte au moins
un parent résident à l’étranger, alors on en profite pour faire des détours
vers des endroits qu’on ne visiterait jamais autrement.
Pendant la belle saison donc, on ne parle
pas chômage.
On oublie ?
Le temps d’une pause ?
Rien n’est moins sûr. On change tout
simplement de langage.
Ainsi, chercher un travail en été se
traduirait par multiplier les contacts pour trouver un moyen de « déguerpir ! ».
Quitter le bled pour l’autre rive. Celle du nord, de la richesse, que dis-je ?
de la démocratie et de la justice, du moins sociale. Un moyen illégal, je m’entends
car tout le monde sait que toute demande de visa est déclinée, les autorités des
ambassades sont au parfum des réalités manifestement pitoyables de nos jeunes
sans emploi qui trichent désespérément sur les documents. Par ailleurs, il
serait tout aussi naïf de croire que les modalités d’octroi des visas par les
pays européens à nos demandeurs, sont aussi claires et équitables qu’ils le
prétendent. Une sélectivité de choix qui laisse perplexe plus d’un. C’est que
dans la majorité des cas, on se voit attribuer un visa, et donc un moyen légal
pour entrer en France notamment, quand on vient de la campagne et qu’on a un
faible niveau d’instruction. Et inversement, on se le voit refuser pour nos
jeunes ayant des diplômes, des jeunes instruits. La politique de ces pays étant
souveraine, ils ont le droit d’accepter qui ils veulent sur leurs territoires, n’est-ce
pas à nous-mêmes que nous devrions reprocher notre malaise ?
Pour la petite
histoire, je me rappelle très bien une nuit que je devais passer faisant la queue
devant l’ambassade de France à Rabat, non pour moi sinon pour mes parents qui
avaient envie d’aller voir comment c’était cette terre bénie qui abrite leur
fils aîné qui leur avaient envoyé une invitation et les documents nécessaires
pour ce faire. Arrivé un jour avant le rendez-vous à la capitale, j’avais pensé simplifier la tâche
pour mes vieux qui auraient été incapables de vivre des moments pareils en restant
debout toute une nuit. Car le voyage à Rabat s’imposait la veille de la date
fatidique, si l’on tient compte de ladite situation connue de tout le monde.
Quelle était ma surprise quand j’ai découvert à quelle point on pourrait vivre
rien qu’à côté d’« une » démocratie sans y être réellement! Rien
qu’à la proximité et vous pouvez monter votre négoce. Des jeunes hommes, plutôt désœuvrées, vivant dans les cités des environs et ayant vu l’engouement des visiteurs qui
devaient venir de très loin, ont eu l’idée de se mettre aux premiers rangs dès
l’après-midi pour pouvoir vendre par la suite leurs places le matin du jour
suivant. Ainsi le commerce allait fleurir à tel point qu’une mafia on dirait s’est
emparé du business. Une fois arrivé sur les lieux la veille donc, l’on m’envoya
un indic.
-
« Les premières dix places sont
prises, côté hommes et côté femme ! » que m’avait dit le type, l’air
un peu gentil, « .. et si vous voulez réservez, il suffit de voir avec les
propriétaires, les gars là-bas ! » avait-il continué dans sa
proposition.
-
« Ok. Sinon je suis à la 11ème
position, ça va de soi ! n’est-ce pas ? Alors ne t’en fais pas je passe la
nuit ici » avais-je répondu pour tester le retour et en donnant l’air de quelqu’un
sur qui on pourrait se tromper, l'ai de quelqu'un qu’on ne connaîtrait pas a priori !
Une
place valait l’équivalent de cinquante euros ! Ils n’étaient pas bêtes,
les petits mafieux (sans parler des grands, et je fais allusion à ceux qui sont
chargés normalement de l’ordre publique dans des situation du genre, mais qui
préfèrent devenir complices !).
Des
candidats aux visas, subventionnés par leurs familles d’immigrés qui les
accompagnent à la capitale dans le but de gagner du temps et de faire
rapidement la besogne, ont de quoi payer, en plus ils gagneraient énormément de
temps. Bref, il y avait du pain sur la planche. Mais dans un scénario de détresse et de désespérance et dont le décor
manque d’ordre, on se piétine les uns les autres, on se bouscule et on s’insulte.
Ainsi je devais être témoin d’une nuit mouvementée de ma vie de « chômeur »,
« chômeur de ma démocratie », où des « employés de nuits »
sortent leurs armes de cris mêlés aux odeurs d’un grisant vin rouge, d’alcool ou
que sais-je peut-être les conséquences d’un effet de drogue qui les mettrait
hors d’eux afin de pouvoir se libérer des insultes les plus grossières,
simulant des rixes et des poursuites, arme blanche à la main, pour faire fuir les
pauvres gens qui passaient la nuit en compagnie de leurs familles faisant la queue.
Cette mascarade, pour la France, pays démocratique,
qui laisse faire de pareilles manigances aux alentours de son ambassade, allait
continuer s’il n’y avait pas eu ces documentaires sur des chaînes de télévision
qui montraient la honte de la République, réalisés par leurs propres
journalistes.
Reste à décrire la fin de la scène le
lendemain matin, complétement transformée, passé l’heure d’ouverture de l’ambassade
et ceux qui devaient entrer le firent. Lorsque les anciennes listes se mettent
à jour et lorsqu’on se demande si, les gars qu’on voit à ce moment-là, bien « fringués »,
sandales, bermuda et tee-shirt dernier cri, sont bien les mêmes qu’on avait vus
la soirée d’avant. Leur apparence et comportement plus civilisés cette fois, favorisaient
le partage de quelques mots avec eux sans histoire et même, histoire de me
faire ingurgiter un peu de mon amour propre perdu la veille ; à un qui n’était
pas loin, je lui ai fait savoir qu’
-
« Enfin les gars n’avaient pas
démérité ! En définitive, ils avaient bien passé la nuit comme nous autres ! .. sans dormir !»
Viendrait-il un jour, où nous verrons, nous
aussi, à côté de nos ambassades à l’étranger, des queues interminables de
personnes, hommes femmes, jeunes et moins jeunes, parents et enfants, qui
viendraient demander un refuge économique enjolivé par une demande banale de
visa, dans notre pays qui, aurait été tellement juste envers ses « citoyens »
et qui aurait déjà appris à exercer une réelle démocratie égalitaire car fondée
sur des lois respectables et auxquels tout le monde se soumet sans dérogation
aucune ?
Avant de lire ....
Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !
Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire
On l’a rendu chômeur !
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dimanche 8 décembre 2019
7 - En été, une activité qui fait rêver.. et pourtant !
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