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les emplois dans les navires de croisière sont variés. Voici un guide pour tout savoir sur comment postuler.

Avant de lire ....

Il était une fois un chômeur dans le "pays des chômeurs" je veux dire des "achômés" ! voilà une expression qui pourrait enrichir la francophonie puisque le mot correspondant du terme « moâttal » en arabe ou en marocain et qui veut dire « mis au chômage » ou « mis en panne » n’existe pas en français en un seul mot. Alors le terme « achômé » peut faire l’affaire en un mot non-composé qui sous-entend au chômage malgré lui ! ».
On l’a rendu chômeur !

Pour lire le récit, commencez par l'article N° 1 - Écrire pour l'Histoire

vendredi 15 avril 2022

22 - Le CNJA (créé en 1991) pour promouvoir l'emploi ou pour évaluer la catégorie mobilisable des groupes revendicatifs ?

     De mon univers paisible donc, je suivais tout ce qui se rapportait à l’emploi, et en finissant par le suivi de ce qui se passait véritablement sur le terrain telles que des manifestations de chômeurs de tout bord : diplômés, docteurs, infirmes, porteurs de lettres royales, etc. Et j’en connais d’autres même, parmi ceux qui n’ont jamais pu manifester leur cas parce qu’ils n’arrivaient pas à se joindre entre eux pour constituer une cellule supplémentaire ajoutée à ce paysage contestataire montant, tellement dispersés géographiquement dans le pays. Celui des victimes du fameux programme « Programme National de Formation-Insertion PNFI » du CNJA (Conseil national de la jeunesse et de l’avenir), qui, une fois formées et ayant passé le stage de quelques mois, se sont vu leurs postes auxquels elles étaient destinées dans des communes ou des institutions publiques de l’État, déjà pourvus ! 

« Vendus » !

Si je devrais reprendre texto des propos d’une grosse légume et visage parlementaire connu de ce qu’on appelait « l’opposition » à l’époque et à en croire mon ami très intime, un autre chômeur de longue date qui plus est, plus âgé que moi et titulaire d’une licence en biologie, après moult déceptions à décrocher un poste quelque part dans une industrie ou un laboratoire, et piégé par les circonstances dures de la vie (perte des parents et l’avancée dans l’âge), s’est retrouvé exercer le métier de « fossoyeur » pour ne pas dire creuseur de tombes tout simplement pour pouvoir « salir adelante » comme disent les espagnols et survivre, et encore aidé en cela par un parent qui vivait de la sorte et qui a bien voulu partager avec lui la besogne se faisant vieillot. Avec une expérience similaire à la mienne avant la croisée des chemins entre nous, il avait fait ce PNFI et pas seulement ; ayant fini le stage pratique de quelques mois dans une institution publique, précisément dans le service des hygiènes dans la municipalité de la ville de Rabat où il devait se rendre et se débrouiller pour se loger durant cette période. Et le jour « j » donc, il était désagréablement surpris d’entendre explicitement et sincèrement l’amère vérité :

      -   « Rien à faire, la vérité est là ! Vos postes ont été simplement vendus » !

Il n’était pas seul à recevoir cette douche froide. Avec d’autres victimes, alors qu'ils étaient en train de se renseigner sur l’exécution de la suite du programme par l’intégration, en essayant de prendre contact avec des responsables du CNJA. Des propos aussi claires et directs de la bouche d’un parlementaire et cadre administratif connu comme adhérent au parti politique des « opposants », ne pouvaient trouver leurs explications que dans le contexte politique de l’époque qui allait apparaître au grand jour par la suite. Dans les hautes sphères du pouvoir, on préparait ce parti avec d’autres, à jouer le jeu de l’alternance dans le gouvernement entre 2 groupements politiques, manigance du régime pour apaiser les tensions sociales et montrer une certaine ouverture vers la transition à la démocratie vers la fin du règne de Hassan II. Conforté dans les informations qu’il aurait tenues, ce parlementaire pouvait se permettre le luxe de stigmatiser même indirectement, les services du fameux et fort ministre de l’Intérieur Driss Basri de l’époque, qui auraient vendu ces postes réservés initialement à des chômeurs formés à cet effet par el CNJA. Une telle déclaration aurait-elle été peut être interprétée aussi comme un acte de vengeance de politique politicienne.

Pire encore, un autre élu du peuple, de ceux bien actifs et qu’on voyait souvent à la télé pendant les fameuses transmissions directes des questions orales au Parlement, s’était montré solidaire avec ces stagiaires perdus et déconcertés ne sachant à quel saint se vouer, d’autant plus que parmi les bénéficiaires de ce programme figuraient des diplômés originaires de la région qu’il représentait, avait pris connaissance de tout le dossier et avait promis de « poser la question » imminemment au fameux ministre au cours de la séance des « questions orales ». Ben Voyons !

Bien sûr, est-il utile de rester cloué devant le poste de la télé chaque séance du mercredi, à regarder ces cirques joués « en live » entre les protagonistes dudit Parlement en y accordant l’espoir qu’un jour on écoutera la réponse d’un ministre face à la question supposée être posée ? Ni le problème était posé, ni une réponse était donnée ! Après la saisie de tous les éléments du dossier par ce dernier fervent représentant du peuple, que penser de ce qu’il en aurait fait ? Marchander vraisemblablement avec le ministre considéré pour en tirer une faveur. Le faire chanter sans doute sur le rythme de la déception des malheureux chômeurs formés ! 

 Imaginez l’intensité de la désillusion d’un « chômeur » parmi les vétérans dans sa ville et qui était à un pas de ..  sa salvation !!  Le Sisyphe de son patelin!

     Pour le rappel, non moins de 2000 jeunes diplômés en chômage de longue durée allaient ainsi pouvoir bénéficier d’une formation qualifiante complémentaire d'une durée allant de 3 à 9 mois et sur la base d’une prospection rigoureuse des besoins tels que l’on annonçait officiellement. « Former pour insérer de façon productive et non former pour former », telle a été la logique de base qui soutenait apparemment toutes les démarches entreprises dans le cadre de ce qu’on appelait PNFI dans le cadre du CNJA. Une démarche somme toute raisonnable car montrait a priori l’enjeu double : d’une part, combler  des carences au niveau de la fonction publiques en approvisionnant des services avec des fonctionnaire diplômés, et d’autre part rendre une part de sa dignité au jeune préposé (chômeur de longue date) qui se sentirait utile et en aucun cas que son État lui ait fait une faveur ! Quel double espoir !!

     Cette histoire ajoutée à la mienne que j’expose, et à des milliers d’autres, me ramène à cette institution une fois de plus, du CNJA (Conseil national de la jeunesse et de l’avenir) créée en 1991 en réponse à un début d’effervescence qui commençait à se faire sentir notamment dans le milieu des jeunes fraîchement sortis des universités qui s’ajoutaient chaque année aux précédents, et qui commençaient à subir directement les conséquences d’une suppression massive des postes d’emploi dans le secteur public, planifiée par des politiques économiques antérieures qui brandissaient le besoin de restructurer l’économie nationale pour l’adapter au marché mondiale mais qui répondaient en réalité aux exigences du FMI (Fond Monétaire International). Cet organisme a été présenté la première fois aux Marocains comme un outil qui allait mobiliser tous les pouvoirs de l’État pour caser chaque année un grand nombre de demandeurs d’emploi. Officiellement il a été chargé de contribuer à l'adaptation des systèmes d'éducation et de formation aux besoins de l'économie du pays, à  la préparation adéquate de l'avenir des jeunes marocains et à la réalisation de leur insertion dans le système productif national. Il devait participer d’une stratégie basée sur une conception décentralisée du développement et d’une approche régionale partant des spécificités et des besoins identifiés localement. A cet effet des sections ont été créées dans certaines régions autour du thème de la promotion de la création d’entreprises par les jeunes dans les Provinces correspondantes. Parmi les activités qui incombaient à ce conseil lors de sa création et stipulées dans le « Dahir » de constitution, on annonçait la mise en place d’une cellule d’aide et d’assistance aux jeunes promoteurs, l’organisation de séances de formation et les possibilités de financement de certains projets et ce par la mise à la disposition des jeunes du matériel nécessaire. On avait défini des zones d’actions prioritaires, des programmes pour l’assistance à la création d’entreprise, et pour la promotion économique en milieu rural. Quant au Programme National de Formation-Insertion (PNFI), il a vu la contribution des établissements relevant de la Direction de l’Enseignement Supérieur, de l’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail, et de la Direction de la Formation des Cadres.

    Malheureusement le CNJA lui-même s'est rendu à l'évidence et a qualifié, par la suite, la réalisation de son programme par une tâche ardue, pleine d’embûches en avançant des arguments comme la complexité des problèmes de montage des formations, la difficulté de cerner avec précision les besoins dans la conjoncture économique difficile qui a régné pendant cette phase de lancement. Et à cela s’ajoutait la contrainte du financement qui n’a pas suivi avec la rapidité souhaitée prétendait-il. C’est ce qui expliquait aussi selon le Conseil, la modestie des effectifs de bénéficiaires. Or, cet organisme avait commencé par des enquêtes nationales, tant auprès des jeunes chômeurs et diplômés, que sur l’encadrement des entreprises et le système éducatif ainsi que l’administration. Des enquêtes qui, nul n’a besoin de le souligner, ont permis de prendre de court les mouvements de protestations qui étaient en gestation en ce sens que, la majorité des  jeunes y mettait un grand espoir et devait une fois de plus attendre.

Attendre !

   En réalité, le CNJA n’a été qu’un organe par le biais duquel les autorités marocaines et les tenant du règne, voulaient dépolitiser et monopoliser la gestion du dossier par les pouvoirs publics, selon une étude publiée en 2007 sur une plate-forme de revues en sciences humaines et sociales. L’objectif du Conseil était la promotion de mesures qui stimulent l’autonomie de la jeunesse à l’égard du secteur public au moment de chercher un emploi, et l’intégration de chercheurs d’emploi de longue date comme actions prioritaires pour résorber ce malaise qui commençait à s’installer dans la société. En effet, la première étude de cet organe a été consacrée à « l’évaluation et l’identification de l’échantillon de la population concernée par le problème, s’arrogeant par-là la définition de la catégorie mobilisable au détriment des groupes revendicatifs. La concurrence entre ces derniers et le CNJA va rapidement se traduire par la dénonciation par celui-ci d’un supposé culte à la fonction publique des mobilisés, alors que ceux-ci vont critiquer les travaux du Conseil » pour reprendre la même étude. Finalement, pour sortir de l’impasse, les travaux du CNJA ont été considérés officiellement et déclarés comme ayant eu seulement un caractère de recommandation !! Si bien que son influence effective reste limitée à la création d’un consensus dépolitisé - pense-t-on - sur l’orientation que doivent suivre les politiques publiques en matière d’emploi. N'est-ce pas là un revirement par rapport au décret de 1991 ?

     Ainsi de « gouvernement » en « gouvernement » et de « Conseil » en « Conseil », et en attendant des jours meilleurs, personne n’est sorti de l’auberge.  Le dernier CCJAA (Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l'Action Associative) qui a été approuvée en 2016 par le gouvernement de cette fois-là n’est autre que ce qui est resté du fameux CNJA.

    Alors, n’était-ce pas seulement un moyen d’amortissement de la pression populaire émanant de ces forces vives de la nation, constituées par des milliers de jeunes universitaires qui ne cherchaient qu’à participer au développement de leur pays en s’intégrant dans une vie active et aspirer à une situation sociale ; et qui ne prétendaient qu’à une indépendance de leurs parents, cette 1ère génération qui comptait en majorité sur l’appui de sa progéniture en qui elle avait investi faute de politique sociale juste la concernant après « l’indépendance » du pays ?

      Une manière de gagner du temps en laissant, faux espoir donné, cette jeunesse livrée à son propre sort, c’est-à-dire à se brûler les méninges pour se trouver des solutions elle-même, à être obligée de se recycler sans orientation programmée vers des nouveaux débouchés qui résultent faciles dans le métier de « marchands ambulants » dialectalement appelés « Ferracha » ou comme « chauffeurs de taxis », occupations émanant généralement du fief de ceux qui n’avaient pas eu l’opportunité ni la possibilité d’être scolarisés avant d’être diplômés, ou à s’entre-tuer entre ses composantes idéologiques qui naissaient déjà à l’université, d’une part, de vocation islamiste et donc fataliste, et d’autre part de factions de gauche mais ayant compris l'enjeu de la lutte des classes. Ou, à meilleur titre, et considérant le génie marocain, à s’aventurer dans l’entreprenariat en faisant prendre des risques à leurs entourages et familles ou en hypothéquant les propriétés de leurs logements parentaux.

     Moi, issu d’une famille nombreuse, ayant des frères et sœurs, dont la majorité au collège ou à l’université, ne pouvais m’aventurer dans la voie de création d’entreprise ne serait-ce que d’une manière informelle au commencement. Mon père me proposait souvent d’hypothéquer sa maison pour quelques millions de centimes afin que je monte un business  de commerce de produits paramédicaux, s’inspirant d’expériences de connaissances et personnes indépendantes. La chose que je refusais catégoriquement, conscient que lui-même, même arrivé à la retraite, ne pouvait pas terminer les travaux de construction du 1er étage sur un lot de terre qui , si ma propre mère n’était pas une dame préoccupée par l’acquisition de sa propre demeure au lieu de continuer à payer un loyer tant que son homme pouvait travailler, n’aurait pas eu la chance de nous permettre d’en bénéficier au cours de ce rare programme de la municipalité de l’époque, en postulant au nom de mon père qui s’absentait souvent, travailleur de chantier qu’il était de sa vie, et en « montant, descendant, allant et revenant » pour les démarches administratives. Une occasion en or où la municipalité a pensé à aménager de nouveaux quartiers et à vendre des lots à des prix convenables et répartis sur quelques années. Comment me serais-je permis de mettre en risque une maisonnette acquise avec tant d’efforts physiques, intellectuels, financiers et de souffrance aussi ; et cerise sur le gâteau étalés sur plusieurs années d’attente et d’espoir ? Si seulement cet État, avait pensé à faciliter des crédits sans intérêts à cette masse de mes paires, chômeurs de leur État et vivant tous dans les mêmes conditions sociales.

     Alors, privés de tous les éléments procurant un minimum de dignité et donc de liberté, n’est-il pas légitime l’exercice d’un droit d’exister en adhérant à la mobilisation et à la protestation ? A faire entendre sa voix par le cri à ceux qui justement écoutent mal les doléances du peuple.

      Bref, en arabe "Kam haajatan qadaynaaha bi tarkihaa!disent les « faqihs » (Maintes fois, on a traité des questions posées par un simple « laisser tomber » : si la traduction le permet !) ces disciples et oulémas de la « chariâa » musulmane. Une expression qui en dit long sur la manière de gouverner à la marocaine, le monarque ne se réclamant pas lui-même et dans sa constitution l« ’Émir des croyants » ?

                                              

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